5e congrès du Parti démocratique progressiste (Pdp), samedi à Tunis, s’est poursuivi, dimanche et lundi, à Sousse, avec un congrès unificateur des forces démocratiques centristes. Le Parti Républicain est né…

Par Abdelmajid Haouachi


Déjà que la Tunisie post-14 Janvier affiche une prolifération pléthorique de partis politiques, voilà que certains états-majors des ces partis se mettent à y opérer des entorses organisationnelles pour le moins insolites. Tel est le cas du congrès «deux en un» du Parti démocratique progressiste (Pdp), du parti Afek Tounes, du Parti Républicain, du parti Al-Irada, du parti Al-Karama, du  Mouvement Bladi, du Parti de la démocratie et de la justice sociale et de plusieurs listes indépendantes, qui s’est tenu les 7, 8 et 9 avril sous le maître-mot de «l’unification». Le congrès unificateur des forces démocratiques centristes a été placé sous le thème: «Unis pour la Tunisie».

A plus d’un titre, la tenue de cette haute instance politique révèle une métamorphose significative, qui vise à rééquilibrer le paysage politique, aujourd’hui dominé par le parti Ennahdha.

A plus d’un titre, la tenue de cette haute instance politique révèle une métamorphose significative, qui vise à rééquilibrer le paysage politique, aujourd’hui dominé par le parti Ennahdha.

Les termes des noces tripartites

Le choix de la glorieuse et spacieuse salle de cinéma en plein centre de Tunis pour la séance d’ouverture du congrès (les travaux devant se poursuivre ensuite à Sousse) est instructif. Le tapis rouge à l’entrée du Colisée, l’ambiance festive, les hôtesses mignonnes et souriantes, le tout témoigne de l’effort du Pdp à se mettre dans l’air du temps. Rien à voir, dans ce décor, avec un certain congrès fondateur et unificateur tenu en juin 2001. Rien sauf peut-être les militants d’autrefois visibles dans une salle où affluaient les invités pour assister à un événement «historique» de l’avis de Mohamed Louzir, président d’Afek Tounes.

Avant même que Maya Jeribi, secrétaire général du Pdp, ne prenne la parole, Iyad Dahmani, le jeune membre du bureau politique du parti qui donna le coup d’envoi du congrès annonça la  naissance du nouveau parti, fruit de l’unification du Pdp, d’Afek Tounes et du Parti Républicain.

Désormais, les jeux sont faits. Il ne restait plus donc à Maya Jeribi que d’étayer les termes des noces tripartites et les grandes lignes de la stratégie du nouveau parti dans sa prochaine entreprise politique et aux congressistes de finaliser la démarche unificatrice.

Pas de suspens donc puisque le processus unificateur a été, visiblement, entrepris d’en haut et le congrès n’a eu d’autre objet que d’avaliser les décisions des directions conjointes des partis associés. Ces décisions ont, de surcroit, consacré une union fusionnelle.

Après avoir annoncé solennellement l’unification des trois entités politiques, Maya Jeribi a traité, dans son discours inaugural, de certaines questions spécifiques du Pdp. Elle a, à ce titre, rappelé, à juste titre, les combats engagés, des années durant, par ce parti militant, contre la dictature de Ben Ali. Son propos porta surtout sur la participation active du parti dans l’éviction de la dictature. Elle n’a pas, non plus, oublié de dégager une dimension autocritique soulignant les «erreurs» commises par le Pdp à l’occasion du scrutin du 23 octobre dernier.

S’agissant des perspectives d’avenir, la secrétaire générale du Pdp a souligné les grandes orientations politiques, économiques et sociales qui se recoupent avec les objectifs généraux de la Révolution du 14 Janvier.

Mohamed Louzir a souligné, de son côté, que le nouveau parti s’emploiera à «édifier une Tunisie où règne la justice, la liberté et la dignité tout en mettant à contribution toutes les catégories de la société». Il va aussi axer son programme sur la lutte contre l’exclusion et la pauvreté et s’attachera à préserver l’identité nationale.

Maya Jeribi

Unité fusionnelle, disent-ils?

L’unité fusionnelle tripartite est donc scellée à l’occasion de ce congrès. La motion de fusion a été adoptée à l’unanimité, dimanche, à Sousse. Le Pdp sera la locomotive de cette force. Il a été désigné à la tête de cette nouvelle formation conformément à la motion de fusion. Maya Jeribi sera donc le secrétaire général de cette nouvelle formation politique, et Yassine Brahim le secrétaire exécutif.

Il faut dire que son parti, le Pdp, héritier du Rassemblement socialiste progressiste (Rsp), a été fondé en 2001 à la suite d’une coalition entre plusieurs mouvances d’opposition au régime de Ben Ali. Le dirigeant emblématique du Pdp, Ahmed Néjib Chebbi s’est toujours distingué par son esprit fédérateur. Sauf que depuis le 14 Janvier, le Pdp semble se démarquer de plus en plus de sa vocation originelle. En se positionnant dans le centre, le Pdp occulte, en effet, une option libérale qui est à l’origine de sa coalition avec les partis sus indiqués. Les tenants de cette métamorphose sont inhérents au nouveau contexte de la Tunisie post 14 janvier 2011. A présent, le train de la coalition est en marche. Mais pourvu que ça dure!