Interrogé sur la manifestation réprimée lundi matin à l’avenue Habib Bourguiba, le président de la République a évoqué 10 victimes, des agents de police blessés par des cocktails Molotov lancés par des manifestants! Vous ne rêvez pas!


C’est, en tout cas, ce qui ressort du rapport fait par le ministre de l’Intérieur à Moncef Marzouki, président de la République (et ancien défenseur des droits de l’Homme), qui s’est contenté de le répéter, avec une incrédulité touchante, dans l’interview qu’il a donnée, lundi soir, à notre confrère Ilyes Gharbi, dans le cadre de l’émission ‘‘Hadith Essaâ’’ sur la première chaîne nationale Wataniya Et les blessés par les coups de matraque, et les bombes lacrymogènes qui ont été lancées par la police sur la tête des manifestants; et les journalistes, hommes politiques, militants associatifs et membres de l’Assemblée nationale constituante (Anc) qui ont été agressés sauvagement par des policiers en uniforme et en civil? M. Marzouki le déplore, et renvoie dos-à-dos agresseurs et agressés.

Tout cela est très rassurant et donne une idée aux Tunisie de la mission réelle du président de la république, des menus pouvoirs qui lui sont laissés et de sa maîtrise de la situation dans le pays.

«J’ai parlé, tout-à-l’heure avec le ministre de l’Intérieur. Il m’a dit que les riverains et commerçants de l’avenue Habib Bourguiba se plaignent et que cette avenue est asphyxiée par les manifestations. Cette interdiction n’est que provisoire et il va y avoir bientôt un parcours spécial pour les manifestants et qui sera probablement l’avenue Mohamed V», a dit le président de la République sur Al Watanya I.

Faut-il en rire ou en pleurer?

Le pays que décrit M. Marzouki, où tout va bien (le tourisme, l’investissement, la confiance des partenaires internationaux…), ressemble si peu à la Tunisie d’aujourd’hui que l’on se demande si M. Marzouki vit bien dans le même pays que nous ou s'il n’est pas sur un nuage, enfermé dans une bulle ou se la coulant douce dans une cage doré?

I. B.