Le regain d’activisme des adeptes de Bourguiba n’est pas du goût des islamistes, qui redoutent un nouveau «complot» contre la légitimité électorale qu’ils estiment être l’incarnation.
Le président du mouvement islamiste Ennahdha a ainsi appelé, lundi, les Destouriens et les Rcdéistes à «demander pardon au peuple pour les violations commises contre les opposants politiques toutes sensibilités confondues».
Rached Ghannouchi, qui s’exprimait au cours d’un meeting, organisé par son mouvement, en commémoration des évènements du 9 avril 1938, a estimé qu’«avant de revenir sur la scène politique, Destouriens et Rcdéistes doivent demander pardon pour ce qu’ils ont fait au peuple après l’indépendance et jusqu’à la révolution du 14 janvier 2011».
Yousséfistes, militants de gauche et islamistes ont subi arrestations, torture et exécutions; le but était l’inféodation et la soumission servile du peuple envers une seule personne et un parti unique.
Le Mouvement Ennahdha a choisi de commémorer symboliquement la fête des martyrs au parc public aménagé à la place de l’ancienne prison civile au boulevard 9 Avril parce que «le site regorge de souvenirs». C’était le lieu où sont tombés en martyr les militants dans leur combat contre l’occupation, a ajouté le président du mouvement.
M. Ghannouchi a rendu hommage aux martyrs qui avaient combattu l’occupant français et qui étaient tombés sous les balles en revendiquant un «parlement tunisien» et un «gouvernement national», ainsi qu’aux victimes qui ont lutté contre le despotisme des deux anciens régimes.
Il a, à cet égard, demandé à l’Assemblée nationale constituante (Anc) d’accélérer la promulgation des lois qui permettent la réhabilitation des droits de ces victimes.
Evoquant le processus de justice transitionnelle, le président d’Ennahdha a souligné qu’«il s’agit, d’abord, de chercher la vérité, de demander des comptes, de rendre justice et puis de se réconcilier». «Nous ne tolérerons pas d’occulter les vérités», a-t-il lancé.
Le meeting a comporté un programme artistique (poésie et art plastique), une exposition de livres et un débat avec les jeunes sur l’histoire nationale.
I. B. (avec Tap).