Qui va réaliser l’enquête sur les agressions infligées, lundi, par les forces de l’ordre, aux manifestants sur l’avenue Habib Bourguiba et les artères avoisinantes?

Par Imed Bahri


Ali Lârayedh, ministre de l’Intérieur, a promis, lundi soir, sur la chaîne Al-Wataniya 1, de diligenter une enquête qui serait réalisée par son département, après avoir réuni tous les éléments (témoignages, vidéos, photos…) relatant ce qui s’est passé le jour de la célébration de la Fête des Martyrs, au centre-ville de Tunis.

Milices ou policiers en civil?

Une chanson éculée depuis Ben Ali

Le ministre de l’Intérieur a réitéré la promesse, mardi après-midi, aux membres de l’Assemblée nationale constituante (Anc), qu’il a reçus au siège de son département. On ne perd rien à attendre. Surtout que le ministère de l’Intérieur, qui n’est pas à une bavure près, avait déjà promis, par le passé, à la suite d’événements similaires, au cours desquels ses agents se sont comportés avec brutalité envers les citoyens, d’ouvrir des enquêtes administratives pour faire la lumière sur ces dépassements, en promettant aussi de sanctionner les fautifs le cas échéant. Les résultats de ces enquêtes n’ont pas été révélés. Si tant est qu’elles ont jamais été effectuées. Ce dont on a de bonnes raisons de douter.

Photo Fethi BelaId-Afp.

Ces hauts responsables de la sécurité doivent donc arrêter de prendre les Tunisiens pour des idiots. Ils peuvent raconter ce qu’ils veulent à leur chef (ou leurs chefs) du moment (les cocktails Molotov, les parties qui complotent contre le gouvernement, et toute la chanson éculée depuis Ben Ali), qui semble (ou semblent), d’ailleurs, les croire sur parole, au point de débiter à l’envi, comme des automates, sur les chaînes de radio et de télévision, leurs histoires à faire dormir debout. Une enquête, une vraie, ne saurait être réalisée par leurs services, qui ne peuvent être, comme dans le cas d’espèce, juges et parties.

Jawhar Ben Mbarek copieusement tabassé.

Les membres de l’Assemblée nationale constituante (Anc), issus du groupe démocratique, ont donc raison d’exiger une enquête indépendante des services de M. Lârayedh, dont la crédibilité et le crédit, qui l’ont distingué jusque là des autres membres du gouvernement Hamadi Jebali, ont été largement entamée en cette journée fatidique du 9 avril 2012.

Mais que peut faire Marzouki?

Pourquoi cette enquête ne serait-elle pas réalisée par une commission constituée de membres de la constituante auxquels se joindraient des représentants de la société civile et des experts reconnus et indépendants?

Les victimes du gaz lacrymogène.

Le président de la République, ancien militant des droits de l’homme et président d’honneur de la Ligue tunisienne des droits de l’homme (Ltdh) pourrait même être associé, en tant que garant de la République, et de manière symbolique – lui qui adore les symboles –, à cette mission. Ce sera une occasion, pour lui, de se rendre utile et de prouver que les attraits du pouvoir et les délices du Palais de Carthage, n’ont pas émoussé ses capacités d’indignation.