La Grande Muette va devoir parler plus souvent, puisqu’on lui attribue des propos, des décisions et des intentions qui vont dans tous les sens.
Le chargé de l’information auprès du ministre de la Défense Haykel Bouzouita vient d’affirmer à l’agence Tap que son département dément l’information diffusée dans les médias au sujet de l’intervention, à partir de mardi, de l’armée nationale pour disperser tout sit-in qui risque de compromettre l’intérêt national.
Cette information «dépourvue de tout fondement» selon les termes de M. Bouzouita, a été diffusée à travers les réseaux sociaux et reprises par certains médias.
On avait attribué, il y a deux semaines, au chef d’état major des armées, le général Rachid Ammar, une petite phrase qui a fait jaser à Tunis: «Je vais bientôt siffler la fin de la récréation», par allusion aux salafistes jihadistes, dont l’activisme, à l’université et dans les espaces publics, était devenu insupportable. Le ministère de la Défense a dû démentir formellement ces propos, où certains ont cru déceler des menaces déguisées de… putsch militaire.
On avait également affirmé, toujours dans les réseaux sociaux et certains médias, que l’armée nationale avait enrôlé un certain nombre de salafistes. Ce qui a suscité l’inquiétude chez beaucoup de Tunisiens, sachant que nombre de salafistes tunisiens, de la tendance jihadiste, avaient participé à la guérilla en Libye aux côtés des «thouars» (rebelles) ayant combattu les troupes de Kadhafi. Le ministère de la Justice a dû, encore une fois, démentir catégoriquement cette information.
En attendant la prochaine intox – et le démenti qui suivra à quelques jours d’intervalle –, on peut s’interroger sur les parties qui cherchent à impliquer l’armée dans les confrontations idéologiques et politiques dans le pays, et quels desseins suivent-elles?
I. B.