Chez le ministre des Affaires religieuses, Noureddine Khadmi, la défense des lieux de culte est à géométrie variable. Des fois, il pousse des cris d’orfraies, d’autres fois, il se tait… courageusement.
Dans un communiqué rendu public, samedi, le ministère des Affaires religieuses a dénoncé les «tentatives fielleuses et suspectes» ciblant les symboles religieux et portant atteinte à l’intégrité des lieux de culte, en cette conjoncture délicate que vit la Tunisie.
Le ministère a indiqué que des parties suspectes sont à l’origine de ces «actes ignobles», qui visent à semer la discorde dans le pays et à perturber le processus de la révolution.
Le communiqué appelle les autorités sécuritaires à ne ménager aucun effort dans la protection des lieux de culte, à poursuivre les criminels et à les faire comparaître devant la justice, exhortant les imams prédicateurs et les cadres religieux ainsi que les composantes de la société civile à sensibiliser les gens aux préceptes de l’islam et à la nécessité de préserver les lieux de culte.
Après l’incident de la profanation du saint-Coran dans la délégation de Ben Guerdane, le ministère indique que des individus ont jeté des bouteilles de vin sur l’une des mosquées à Sousse alors que d’autres ont jeté des ordures sur le Mihrab de la mosquée Al Fath à Mahdia, avant d’agresser le mausolée de Sidi Mbarek Bahloul.
Voilà pour l’information officielle, mais on aurait aimé voir le ministère des Affaires religieuses pousser le même cri d’indignation quand, fin mars, des salafistes ont profané le mausolée de Sidi Ahmed Assila El Gharbi au Bardo. C’était lors de l’inhumation du père de Yacine El Bdioui, celui qui a outragé le drapeau tunisien le 7 mars à la Manouba. Ce jour là le ministère des Affaires religieuses a jugé urgent de ne rien dire.
Le ministère s’est également tu, en plusieurs occasions, lorsque l’un de ses cadres a appelé au meurtre de l’ancien Premier ministre Béji Caïd Essebsi ou que des extrémistes religieux s’en sont pris à des lieux de culte non musulmans.
Noureddine Khadmi, le ministre en poste, n’a aucune crédibilité aujourd’hui pour lancer des cris d’orfraies. L’islam est l’affaire des citoyens, et les citoyens n’ont pas besoin de son ministère pour défendre… toutes les religions.
I. B.
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