Le président de l’Assemblée nationale constituante (Anc) a prié lundi les deux députés Iskandar Bouâllègue et Aymen Zouaghi de quitter immédiatement la salle. En guise de solidarité, leurs camardes ont suivi.


 

Lors des travaux consacrés au dossier des martyrs et blessés de la révolution, l’élu d’Al Âridha Iskandar Bouâllègue est intervenu accusant le gouvernement – selon lui formé de Rached Ghannouchi, Moncef Marzouki et Mustapha Ben Jaâfar, présidents de leurs partis respectifs, omettant ainsi sciemment le nom du vrai chef du gouvernement Hamadi Jebali – de ne rien faire pour les blessés et même de les agresser – en rappel des évènements du 7 avril à Tunis – et de continuer à faire reculer les échéances de leurs soins ou indemnisations.

M. Bouâllègue a aussi qualifié le gouvernement de la «troïka» d’autoritaire, de totalitaire et même de fasciste.

Ghannouchi, pas touche!

Les élus d’Ennahdha se sont emportés et le ton est monté d’un cran. Le député Sahbi Âtig a rappelé tout de suite à son collègue d’AlÂridha qu’il s’agit du gouvernement Jebali et non Ghannouchi et que le leader islamique n’a rien à faire dans le gouvernement.

Mustapha Ben Jaâfar, président de l’Anc, a confirmé tout de suite les propos de M. Atig. Là, le député Aymen Zouaghi d’Al Âridha n’a pas tenu sa langue dans sa poche, rappelant aux présents qu’il s’agit bien de M. Ghannouchi qui a signé l’accord entre les trois partis au pouvoir (Ennahdha, Cpr et Ettakatol).

Pour éviter que la situation vire au vinaigre, M. Ben Jaâfar a tout de suite rendu le micro à M. Bouâllègue. Tout à coup, et comme dans un jardin d’enfants ou une classe d’indisciplinés, tout le monde s’est mis debout et à chacun d’y aller de sa rengaine. Ceux qui sont restés n’ont pas croisé les bras: ils se sont mis à taper sur les bureaux. Pour couper court, les Nahdhaouis ont changé de discours et entonné l’hymne national. Par respect au chant de la patrie, toute la salle s’est mise à chanter.

Des «turbulents» dans la constituante

La colère de M. Bouâllègue n’est pas restée là. Elle a été attisée par l’interruption. Il a accusé les Nahdhaouis de «continuer à utiliser la religion à des fins politiques et les voilà maintenant qui instrumentalisent l’hymne national».

Pour remettre de l’ordre, M. Ben Jaâfar a dû appeler les deux constituants d’Al Âridha à se taire avant de donner la parole à Fethi Letaief. Face au brouhaha qui a suivi sous la coupole du Bardo,  M. Ben Jaâfar – hors de lui-même, il en fallait pour le mettre dans cet état –, a ordonné aux deux chahuteurs (M. Bouâllègue et son camarde M. Zouaghi) de quitter immédiatement l’Anc.  Une réaction qui a déplu aux autres élus d’Al Âridha, qui, en silence, sont sortis aussitôt. Les travaux se sont poursuivis.

Z. A.