Kapitalis publie la traduction d’un article de David Morgan rendant compte de la conférence donnée par le ministre de la Communication, M. Oussama Romdhani, le 5 juillet dernier à Chatham House, à Londres.



oussama romdhaniLe ministre tunisien de la Communication, Oussama Romdhani, a souligné les réussites de son pays dans la mis en place d’une société moderne et d’une économie dynamique offrant un modèle pour les pays en développement partout dans le monde entier.
Le ministre était à Londres pour prendre part à un séminaire à Chatham House, organisé par le groupe de réflexion de l’Institut royal des affaires internationales et présidé par le chef de son département Moyen-Orient et Afrique du Nord, le Dr Claire Spencer.
M. Romdhani, nommé à son poste actuel en janvier 2010, était auparavant directeur général de l’Agence tunisienne de communication extérieure (Atce), l’organisme gouvernemental responsable de la régulation des médias.

Dans sa présentation du conférencier à un auditoire composé de diplomates, journalistes, experts internationaux et chefs d’entreprise, le Dr Spencer a tenu à souligner que c’est la première fois que Chatham House organise une réunion consacrée à la Tunisie.
Avant de répondre à la question: «La Tunisie est-elle bien comprise?», M. Romdhani a tenu à souligner l’importance de comprendre le contexte des progrès réalisés par son pays depuis l’adoption du programme du «Changement» sous la conduite du Président Zine El Abidine Ben Ali.

Un modèle pour les pays en développement
En considérant les réalisations et les défis que le pays confronte dans la poursuite de son développement, le ministre a affirmé que le processus de modernisation lancé par la Tunisie dans les années 1980 est un «travail en cours», qui reste donc encore inachevé.
Il a estimé que l’expérience tunisienne a servi de modèle à d’autres pays en développement, leur montrant la façon dont ils pourraient réaliser des progrès en matière de développement et de modernisation.
Les progrès réels accomplis au cours des dernières années ont démontré que la Tunisie a choisi la bonne voie d’action en établissant des bases solides pour un développement global, économique et social, et la construction d’une société stable, équilibrée, démocratique et pluraliste. Ce qui distingue le mieux les progrès réalisés par le pays, et rend ses réalisations encore plus remarquables, ce sont ses ressources naturelles limitées, en particulier son manque de pétrole et de gaz.
Malgré les inévitables défis posés par cette situation, la Tunisie a été en mesure d’atteindre un taux de croissance moyen de 5% au cours des deux dernières décennies, ce qui témoigne, selon le ministre, de son succès en cherchant à capitaliser sur ses ressources humaines, qu’il a décrites comme la véritable richesse de la nation.
Cette performance a été réalisée grâce à l’investissement continuel dans le système éducatif, la création d’emplois et l’élargissement des possibilités pour les femmes et les jeunes afin de leur permettre de participer pleinement aux  affaires, au commerce et à la vie publique.
M. Romdhani a passé en revue les progrès de la Tunisie à travers un large éventail de domaines, y compris la vie sociale, économique et politique, en citant une série d’indicateurs comme autant de preuves à l’appui de ses affirmations.

Une société de classe moyenne
La société tunisienne est désormais constituée en majorité de «classe moyenne» en termes de niveau de vie de ses citoyens, de partage équitable des équipements, des ressources et des services sociaux. La classe moyenne du pays, qui a été élargie avec succès durant une période relativement courte, est généralement estimée aujourd’hui à environ 80% de la population totale, a encore affirmé le ministre. L’accession à la propriété s’élève à 80%, tandis que 97% des foyers disposent des services de base comme l’électricité et l’eau potable. Fruit du développement du système éducatif, le taux de fréquentation scolaire pour les hommes et les femmes a dépassé 99%.
Expliquant ensuite les raisons qui ont amené l’Etat à faire d’importants investissements publics dans les ressources humaines, le ministre a déclaré que le but est de stimuler les ambitions des gens à poursuivre des carrières et à développer leurs compétences pour les aider à devenir des membres productifs de la société, bien que cela ait ensuite présenté un défi en termes de besoin de créer des emplois suffisants.
L’éducation a été considérée par la Tunisie comme un moteur essentiel du progrès social. L’éducation publique est d’ailleurs accessible à tous, indépendamment du revenu, et elle est libre à tous les niveaux. Le nombre d’étudiants fréquentant les collèges et les universités du pays s’établit à 360.000, mais en 2017 ce nombre devrait passer à 450.000.
Les étudiants tunisiens sont de plus en plus encouragés à suivre des filières telles que la science et l’ingénierie, car elles mènent à l’acquisition de compétences pratiques précieuses pour assurer la croissance économique et la prospérité future.

En tant que pays de taille relativement petite, la Tunisie a une population de 10,4 millions, mais compte tenu des tendances démographiques actuelles, ce nombre devrait passer à 11,6 millions en 2019. Le vieillissement de la population est un autre signe de réussite d’un pays en développement, et la Tunisie ne fait pas exception à cet égard. Mais étant donné que le nombre de personnes vivant plus longtemps a augmenté, le pays est confronté à des pressions croissantes sur les services de soins de santé et de prestation de pension. Les personnes âgées de plus de 60 ans est aujourd’hui de 10%, mais ce taux devrait augmenter à 25% en 2039.
Les politiques économiques et financières poursuivies par la Tunisie ont montré leur efficacité dans la réalisation de la stabilité et ont prouvé leur valeur en consolidant l’invulnérabilité du pays face aux retombées de la crise économique et financière mondiale qui a conduit à une baisse de la l’investissement étranger.
La Tunisie tient l’essentiel de sa force, en tant que société moderne et tolérante, d’un fort sentiment d’identité nationale. Ce sentiment peut être considéré comme l’une des réalisations importantes de ses politiques récentes, a indiqué le ministre.

Pratique d’un islam modéré

La Tunisie pratique une forme modérée de l’Islam, religion majoritaire dans le pays, même si toutes les religions y sont également respectées. Les mosquées ainsi que les établissements des autres religions reçoivent des fonds publics et sont bien aidés.
Bien que l’arabe tunisien soit la langue maternelle de choix et que le français demeure la seconde langue pour la majorité des jeunes du pays, on remarque désormais une attirance croissante pour les cours d’anglais, qui font face à une forte demande.
Le progrès visibles dans la participation des femmes à tous les niveaux dans sa société et l’économie est l’une des réussites les plus notables de la Tunisie. Les femmes ne sont plus contrariées dans l’évolution de leur carrière par des obstacles liés à la tradition. Elles aspirent maintenant à accéder aux plus hautes fonctions dans tous les domaines de la vie publique et professionnelle. Quelque 61% des diplômés de l’enseignement supérieur sont des femmes et la tendance est à la hausse, a dit le ministre.
L’égalité des sexes est aujourd’hui largement acceptée dans la société tunisienne et, selon un sondage sur les attitudes sociales, quelque 63% des femmes préfèrent poursuivre leur carrière plutôt que de se marier à un âge précoce, a-t-il ajouté.

Cap sur la technologie et l’innovation
En regardant vers l’avenir, M. Romdhani a dit la Tunisie jouit d’une stabilité et de fondamentaux solides. Forte de ses politiques saines, elle s’est donné pour objectif de parvenir à une croissance annuelle de 5,5% d’ici 2014.
Son nouveau modèle économique est orienté vers l’investissement et le développement des secteurs à haute valeur ajoutée, fondés sur les technologies de pointe, afin d’assurer de meilleures perspectives pour l’emploi et stimuler les exportations.
Pour faciliter le commerce, la Tunisie a opéré le démantèlement tarifaire et opté pour un statut avancé avec l’Union européenne. Elle poursuit aussi la mise en place d’accords de libre-échange avec les pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique.
Dans le même temps, le pays montre une détermination à poursuivre une stratégie de développement respectueuse de l’environnement. Il cherche ainsi à protéger son patrimoine naturel, qui est important pour lui-même, mais également indispensable pour attirer les touristes.
Autre aspect de la Tunisie mal connu à l’étranger, souligné par le ministre: le pays dispose d’une société civile dynamique avec la participation de plus de 9.000 associations actives d’avocats, de journalistes et d'autres groupes professionnels.
Le pays fonctionne comme une démocratie multipartite avec un parti au pouvoir, l’un des plus vieux au monde ayant été fondée en 1919. Ce parti compte actuellement plus de deux millions d’adhérents, dont plus de 30% de femmes. Compte tenu de cette situation, le parti a présenté la candidature d’un grand nombre de femmes aux récentes élections, pas moins de 30%.
L’augmentation du nombre de femmes parlementaires en Tunisie est également à noter, leur taux de présence étant passé de 4,3% en 1989 à plus de 25% en 2009, a dit le ministre.
Evoquant ensuite la place des médias dans la société tunisienne, le ministre a indiqué que le secteur privé a augmenté sa participation dans ce secteur au cours des dix dernières années avec la première radio privée lancée en 2003, suivie par la première chaîne de télévision privée en 2005 et la télévision numérique en 2010.

Ouverture au monde extérieur
Confrontée aux défis posés par le système de communications moderne mondial, la Tunisie a adopté des plans ambitieux pour permettre à ses habitants de profiter d’un plus large accès aux sources d’information.
Pays activement engagé avec le monde extérieur et très accueillant aux visiteurs étrangers, la Tunisie jouit d’un riche patrimoine civilisationnel. Elle coopère étroitement avec les investisseurs et les partenaires d’affaires dont l’implication dans l’économie est considérée comme une garantie indispensable pour les progrès futurs du pays et sa prospérité.
La Tunisie regarde vers l’avenir avec optimisme, réalisme et confiance, car le pays s’est préparé à relever les nouveaux défis avec ses amis et partenaires, a déclaré M. Romdhani en guise de conclusion. Il a aussi émis l’espoir que le message ainsi adressé au nom de son pays soit bien accueilli par la communauté des affaires et aux décideurs au Royaume-Uni.

Traduit de l’anglais par Kapitalis. Les titres et intertitres sont de la rédaction

Source: Global Arab Network

Lire aussi : Débat à Londres. La Tunisie est-elle bien comprise?