A la veille de la célébration de la fête du travail, l’Ugtt, principale centrale ouvrière, dresse un bilan négatif du gouvernement dominé par le parti islamiste Ennahdha.
Des promesses non tenues. L’Union générale tunisienne du travail (Ugtt) estime, dans un communiqué publié, lundi, à l’occasion de la célébration de la fête du travail, que les réalisations du gouvernement provisoire ne correspondent pas aux promesses faites lors de la campagne électorale, ne répondent pas aux attentes et aux aspirations des différentes catégories sociales et ne sont pas à la hauteur des énormes sacrifices consentis par les Tunisiens.
«Au lieu d’établir des relations de confiance et de dévoiler la vérité, aussi amère soit-elle, à tous les Tunisiens, le gouvernement a choisi d’entretenir avec les différentes composantes de la société civile et les catégories sociales des rapports qui nourrissent l’incertitude quant à l’avenir du pays», note le communiqué.
Accusations et menaces contre les syndicalistes. «Dans le traitement des événements survenus dans le pays, le gouvernement recourt tantôt aux accusations, tantôt aux menaces, allant jusqu’à mener une campagne de dénigrement à l’encontre de la centrale syndicale lorsqu’elle a appelé au respect des conventions signées et s’est attachée à l’accomplissement de sa mission nationale et sociale dans la défense du caractère civil de l’Etat tunisien et du régime républicain», souligne l’Ugtt.
Agressions contre les journalistes. «Le voici qui s’attaque, une autre fois, au secteur de l’information, appelant à la privatisation des médias publics, ignorant, toutefois, les agressions verbales et matérielles perpétrées contre les journalistes. Pire encore, il va jusqu’à justifier ces agressions», peut-on encore lire dans ce communiqué.
L’auto-victimisation. Le document ajoute que le gouvernement crie, de temps à autre, au complot qui se trame pour le faire tomber dans des tentatives successives de jouer le rôle de la victime, ignorant les comportements des spéculateurs et contrebandiers qui ne soucient guère de la sécurité des Tunisiens et de leur pouvoir d’achat, ce qui a engendré une flambée des prix, jamais connue dans l’histoire du pays.
Le communiqué rappelle, par ailleurs, le recours à la force pour réprimer les manifestations (7 avril 2012 contre les personnes au chômage et 9 avril 2012 à l’occasion de la fête des martyrs).
Violences impunies à l’université. L’Ugtt dénonce, en outre, les agressions bien orchestrées à l’encontre des établissements éducatifs et universitaires dont la faculté des lettres, des arts et des humanités de Manouba ainsi que la politique de limogeage des responsables pour les remplacer par des partisans, estimant que le licenciement doit reposer sur des critères objectifs et que toute nomination doit se faire sur la base de la compétence, tout en veillant à préserver la neutralité de l’administration.
L’Ugtt réaffirme son engagement à défendre les intérêts matériels et moraux de tous les travailleurs et le droit des personnes au chômage au travail. Elle exprime, également, sa détermination à continuer de militer en faveur de l’instauration d’une véritable justice sociale et d’un développement régional équilibré ainsi que pour l’ouverture des dossiers de corruption, de la réalisation d’une justice transitionnelle aux contours clairs, de la régularisation d’une manière définitive des dossiers des martyrs et des blessés de la révolution et de la garantie d’une vie démocratique riche.
La centrale syndicale appelle le gouvernement à l’associer à tous ces dossiers à travers un dialogue social responsable et crédible.
Grave détérioration du pouvoir d’achat. «L’Ugtt demeure attachée à des négociations sociales sérieuses et responsables qui aboutiront à la révision des salaires afin de faire face à la grave détérioration du pouvoir d’achat des salariés et de manière à consolider une dynamique économique permettant de promouvoir la consommation.
Le communiqué réitère, en conclusion, l’attachement de l’Ugtt aux positions de principe concernant les causes arabes dont en premier lieu la cause palestinienne et son refus de la normalisation avec Israël. La centrale réaffirme, à ce propos, le soutien inconditionnel à la résistance palestinienne, le droit de rapatriement à tous les réfugiés palestiniens ainsi que le droit du peuple arabe lutter pour la démocratie, la liberté, la justice sociale et le combat de la dictature.
I. B. (avec Tap).