Alors que des sources israéliennes déconseillent aux Juifs de rendre en Tunisie à l’approche du pèlerinage de la Ghriba, à Djerba, Rached Ghannouchi a accueilli Roger Bismuth, le président de la communauté juive en Tunisie.
Ce dernier est venu s’assurer, auprès du leader d’Ennahdha, parti islamiste au pouvoir – mais pas du chef du gouvernement, ce qui aurait été plus plausible –, de la sécurité des quelques 400 pèlerins juifs attendus les 9 et 10 mai à Djerba.
Le Conseil israélien de sécurité nationale (Cns) a averti jeudi que des activistes planifiaient des attentats visant des cibles israéliennes ou juives en Tunisie, déconseillant fortement à ses ressortissants de s’y rendre à l’approche d’un pèlerinage juif dans ce pays.
Le service anti-terrorisme du Cns a souligné que le danger était particulièrement grand sur l’île touristique de Djerba, où de nombreux Israéliens se rendent habituellement à l’occasion de Lag Ba Omer, fête juive célébrée cette année les 9 et 10 mai. Cette fête est connue en Tunisie sous l’appellation de pèlerinage à la synagogue de Djerba, île où vit, depuis des siècles, en totale harmonie avec la population musulmane, une communauté juive qui compte aujourd’hui près de 1000 personnes.
«En raison d’une révision de l’évaluation de la situation, le Bureau de l’anti-terrorisme a décidé de relever d’un cran l’avertissement concernant les voyages en Tunisie», indique un communiqué du Cns.
Le même jour, Rached Ghannouchi a accueilli au siège de son parti, Roger Bismuth, président de la communauté juive en Tunisie, qui est en train de préparer, avec les autorités tunisiennes, les festivités du pèlerinage. En tant que Tunisien juif, il souhaite que ses coreligionnaires passent un séjour confortable dans le pays.
En mai 2011, la Tunisie sortait à peine de la révolution du 14 janvier. Sécurité oblige, il n’y a pas eu cette année-là de pèlerinage.
Le 11 avril dernier, le président Moncef Marzouki s’est rendu à Djerba à l’occasion du 10e anniversaire de l’attentat de la synagogue de la Ghriba revendiqué par Al Qaïda et qui a fait 21 morts (5 Tunisiens, 14 Allemands et 2 Français). Il s’agit du premier président tunisien à se rendre dans ce lieu de culte juif datant depuis 2500 ans.
A plusieurs reprises, des extrémistes salafistes ont appelé à la mort des Juifs. La visite de M. Bismuth chez M. Ghannouchi a eu certainement un lien avec ces slogans.
I. B.