Bilan de la révolution tunisienne: 338 morts (86 dans les prisons, 14 agents de sécurité et gardes nationaux, 15 soldats), quelques 2.085 blessés et 1900 dossiers de dégradations de biens.
Par Zohra Abid
Qui a tué les protestataires pendant les évènements de la révolution? Qui a donné l’ordre de tirer? Qui a mis les feux dans les prisons, les espaces publics et privés? Y a t-il eu des viols de femmes et d’enfants? Et quid du dossier des martyrs et des blessés, en a-t-on enfin dressé la liste définitive?
Les évènements les plus brûlants de la révolution
Les réponses à ces questions se trouvent, mais souvent incomplètes et mitigées, dans un rapport volumineux d’on ne sait combien de pages. Il s’agit du fruit de plus d’une année de travail et d’enquête des membres de la Commission nationale d’investigation sur les dépassements et les violences (Cnidv).
Après avoir présenté ce rapport de fin de travaux aux autorités – mercredi au président de la république et jeudi au chef du gouvernement et au président de l’Assemblée nationale constituante –, la Cnidv, présidée par Me Taoufik Bouderbala, a rencontré vendredi les médias et donné un avant-goût des dépassements enregistrés et documentés par ses soins. Et de s’arrêter sur les évènements les plus brûlants de la révolution.
Il est du droit de tout Tunisien d’avoir accès à ce volumineux rapport qui sera publié très prochainement sur un site web. Et il sera téléchargeable en Pdf.
Dans ce document très attendu, qui a passé en revue les évènements de la révolution à partir du 17 décembre 2010 et les jours qui ont suivi, on trouve une liste plus ou moins complète des martyrs et des blessés de la révolution dans les 24 gouvernorats du pays.
Il y a eu des enquêtes dans les hôpitaux et dans les prisons, des visites sur terrain, des rapports médicaux et de médecins légistes et des témoignages écrits et vidéos…
Taoufik Bouderbala et son équipe
Tunis et à Kasserine, les villes les plus endeuillées
La Cndiv a notamment enquêté sur les snipers. Il s’agit bien d’une réalité et non de fiction, comme l’a souvent affirmé l’ex-Premier ministre Béji Caïd Essebsi. Ces tireurs d’élite et tueurs professionnels ont bien existé et leur œuvre est là pour témoigner de leur passage sanglant lors des événements de la révolution tunisienne, entre le 17 décembre 2010 et le 21 janvier 2011. Bilan: 338 morts (338 dans les prisons, 14 agents de sécurité et gardes nationaux, 15 soldats), quelques 2.085 blessés et 1900 dossiers de dégradations de biens.
Ce rapport, document précieux s’il en est, va certainement aider les justices civile ou militaire à faire leur travail, surtout en ce qui concerne les affaires déjà instruites ou en cours d’instruction. Le plus grand nombre de morts a été enregistré dans le Grand Tunis et à Kasserine.
La mission de la Cndiv qui a commencé en mars dernier a donc pris fin avec la publication de ses travaux. Il leur reste seulement quelques semaines pour mettre de l’ordre dans les dossiers qui seront classés dans les archives nationales.
Nous y reviendrons…