En remettant aux archives nationales 527 documents trouvés à la présidence de la république, Moncef Marzouki rappelle à leurs devoirs les autres services de l’Etat, où l’omerta continue encore de protéger les voleurs et les corrompus.


C’est le directeur du cabinet présidentiel Imed Daimi, qui a annoncé, vendredi, la décision du président de la république provisoire de remettre aux archives nationales de Tunisie, quelque 527 documents trouvés dans les entrepôts de la présidence de la république.

Des documents remontant au XIXe siècle

«L’objectif est d’en faire bénéficier tous les chercheurs et d’en assurer une gestion scientifique», a expliqué M. Daimi, qui a piloté l’opération de remise de ces documents revêtant une dimension particulière pour la mémoire collective.

Ces documents sont parvenus à la présidence de la république durant les années 60 et 70, donc sous le règne de feu Habib Bourguiba, d’une manière indéterminée.

De son côté le directeur général des Archives nationales, Hédi Jellab, a souligné l’importance de ces documents qui remontent au milieu du XIXe siècle, époque à laquelle la Tunisie avait connu des réformes importantes et de grandes difficultés, outre le soulèvement de Ali Ben Ghedahem.

L’omerta administrative au service de l’oubli

Reste à s’interroger sur le sort des archives relatives au règne de Ben Ali. Où sont-elles? Où ont-elles échoué? Qui a la charge de les examiner? Pourquoi ne parlent-elles pas? La Commission nationale d’investigation sur les faits de corruption et d’investigation (Cnicm) ayant déjà rendu son rapport, qu’elles nouvelles révélations peut-on encore attendre?

Quand on constate la lenteur des procédures judiciaires, le manque d’entrain dans l’instruction des affaires et la manie des juges d’instruction à ne rien trouver dans les dossiers instruits, sans parler du retour en force des figures de l’ancien régime, y compris dans les coulisses du gouvernement dominé par Ennahdha, on peut avoir des doutes sur la volonté de ce gouvernement à assainir la vie publique et même sur un probable plan diabolique pour reconduire l’ancien système et le remettre au service du nouveau régime…

Auquel cas, on pourrait sérieusement craindre qu’une nouvelle dictature se mettrait en place sur les bases même de l’ancienne !

Imed Bahri