Le pèlerinage juif de la synagogue de la Ghriba se tient mercredi et jeudi à Djerba (sud-est). Un dispositif de sécurité important est déployé dans l’île pour protéger les quelques 1.500 pèlerins attendus par les organisateurs.


On est loin des 5.000 à 6.000 pèlerins juifs, de Tunisie et de l’étranger, qui faisaient le déplacement chaque année à pareille période dans l’île des lotophages. Depuis l’attentat suicide du 11 avril 2002, perpétré par un kamikaze tunisien lié à Al-Qaïda, le nombre de pèlerins a continué à baisser. L’année dernière, à cause de la situation sécuritaire incertitude qui a suivi la révolution, le pèlerinage a tout simplement été annulé. Et pour cause: des lieux de cultes juifs à Tunis, Gabès et Sfax ont subi des attaques ou reçu des menaces.

La confiance tarde à revenir

La confiance ne pouvait donc revenir rapidement, d’autant que des salafistes ont, à plusieurs reprises, lancé des appels publics au meurtre des juifs. La visite du président de la république provisoire Moncef Marzouki à la synagogue de la Ghriba, il y a quelques semaines, et les nombreuses rencontres entre le chef du parti islamiste Ennahdha, Rached Ghannouchi, et Roger Bismuth, le chef de la communauté juive de Tunisie, n’y ont rien changé. Il en faudrait plus pour rassurer les juifs d’origine tunisienne et les encourager à rentrer au pays.

«Le plus important n’est pas le nombre de pèlerins, mais plutôt la réussite de la saison de pèlerinage qui ne manquera pas de contribuer à rétablir la confiance des juifs et dissiper leurs craintes», a affirmé cependant le président du comité de la Ghriba Perez Trabelsi.

Interrogé par l’agence Tap, la veille du démarrage du pèlerinage juif de la Ghriba, qui se tient les 9 et 10 mai, M. Perez a déclaré que «les juifs tunisiens sont pleinement rassurés et confiants en la réussite de cette saison, grâce à l’important dispositif de sécurité déployé à cet effet».

«Nous espérons que le pèlerinage de la Ghriba, suspendu en 2011, soit accompli cette année dans son ensemble, y compris le rituel de la Menorah», a-t-il indiqué, précisant que quelque 1.500 pèlerins juifs de Tunisie et de l’étranger notamment de France sont attendus pour cette saison.

Un impressionnant dispositif de sécurité

Par ailleurs, indique l’agence publique tunisienne, toutes les dispositions médicales et sécuritaires ont été prises à Djerba à l’occasion du pèlerinage annuel juif de la Ghriba.

Des unités des forces de sécurité et de l’armée ont été déployées aux entrées de l’île, au niveau de Ajim et de la route Roumaine reliant l’île à Zarzis. Elles soumettent tous les visiteurs de l’île à une fouille.

Un important dispositif sécuritaire a été mobilisé également dans la zone d’Erriadh, qui abrite la synagogue de la Ghriba ainsi que dans la zone touristique.

Selon le directeur régional de la protection civile à Médenine, la synagogue et les résidences situées dans la région d’Erriadh seront sécurisées jusqu’au 13 du mois. Les unités de la protection civile, a-t-il ajouté, seront également renforcées à Houmet Essouk et Midoun.

Le médecin colonel major Mohamed Essoussi a fait état de l’installation d’un hôpital militaire mobile à Djerba qui, a-t-il précisé, comporte 35 cadres médicaux et paramédicaux dans plusieurs disciplines médicales. «Cette équipe doit fournir des prestations médicales à tous les visiteurs sur un même pied d’égalité quelles que soient leurs nationalités», a-t-il ajouté.

D’après le directeur régional de la santé publique à Médenine Sami Rekik, quatre ambulances médicalisées ont été mobilisées aux côtés de 4 autres véhicules appartenant à l’hôpital militaire mobile.

Il est à rappeler que la communauté juive de Tunisie compte aujourd’hui entre 1.500 et 2000 personnes.

Imed Bahri (avec Tap).

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