Le Syndicat national des forces de sécurité intérieure (Snfsi) a organisé une marche de protestation, dimanche matin, à la place des droits de l’Homme au centre-ville de Tunis.
Le ministère de l’Intérieur avait pourtant affirmé, la veille, dans un communiqué, que ses services «n’ont reçu aucune demande pour organiser des marches ou des rassemblements dimanche et par conséquent ces manifestations sont considérées comme illégale».
Un défi lancé au ministère de l’Intérieur
«La loi interdit aux agents de police toute activité qui risque de perturber le service sécuritaire», avait averti le ministère de l’Intérieur, rappelant les dispositions de l’état d’urgence, interdisant ce genre d’action.
Le ministère de l’Intérieur avait aussi critiqué les tentatives menées par «certaines parties syndicales sécuritaires» pour perturber l’institution sécuritaire «en incitant les agents de l’ordre à l’absentéisme en cette étape délicate que traverse le pays».
Ces avertissements ne semblent pas avoir dissuadé les agents de l’ordre de manifester, dimanche. Au contraire, ces derniers, en organisant leur rassemblement, ont voulu lancer un défi à leur tutelle. «Qu’ils viennent nous déloger!», a lancé l’un des manifestants, un brin provocateur.
L’appel du Snfsi à des marches et des rassemblements à Tunis et dans différentes régions du pays a été lancé suite à l’assassinat, mercredi, d’un policier à Sidi Amor Bouhajla (Kairouan, centre).
La «situation dangereuse» de l’appareil sécuritaire
Ce mouvement de protestation des agents de l’ordre vise à attirer l’attention des autorités sur «les dangers» qui les menacent, dans la mesure où «ils sont désormais la cible d’actes de règlement de compte», selon le syndicat.
Le Snfsi a, par ailleurs, demandé, dans un communiqué publié vendredi, une audience à l’Assemblée nationale constituante (Anc) pour présenter les revendications pressantes des forces intérieures et des douanes relatives à la garantie de la suprématie de la loi, le prestige de l’Etat, l’intégrité du citoyen, le respect des agents de sécurité et la protection de leurs vies.
Le syndicat, qui souligne la «situation dangereuse que vit l’appareil sécuritaire», accuse la tutelle de «fuir ses responsabilités vis-à-vis de ses subordonnés qui deviennent désormais les cibles de liquidations physiques» et privent le citoyen de son droit à la sécurité.
Le syndicat dénonce également vivement «l’absence de représentants officiels de l’autorité de tutelle» aux obsèques, vendredi, du policier Jalloul Issaoui, assassiné par des délinquants affirmant qu’il s’agit là «d’un manquement au devoir d’hommage à un collègue tombé en martyr dans l’exercice de ses fonctions».
L’appareil sécuritaire menacé par les tiraillements politiques
Le Snfsi s’est, par ailleurs, félicité de l’esprit de solidarité dont ont témoigné les très nombreux agents de sécurité venus de diverses régions et des différents corps, se disant en revanche «scandalisé» par la «totale nonchalance» des «premiers responsables du ministère de l’Intérieur» et de l’absence des médias, «au milieu de tiraillements politiques dont l’appareil sécuritaire paye le plus lourd tribut».
Le communiqué affirme que «le syndicat fait porter à l’autorité de tutelle et à l’appareil judiciaire l’entière responsabilité de la détérioration de la situation sécuritaire, des agressions verbales et physiques subies par les agents de sécurité dont la vie privée et les familles sont menacées, des liquidations physiques et des attaques contre les sièges et bâtiments sécuritaires».
Le syndicat exige, en outre, de «définir les responsabilités» de l’ampleur prise par ce phénomène dangereux «qui menace la société tunisienne en général». Il affirme qu’il recourra à tous les moyens légaux et logistiques et au combat syndical dont disposent les agents de la sécurité intérieure, pour se protéger et protéger leurs sièges, les biens publics et privés et les libertés, en collaborant avec le peuple tunisien et «quels que soient les sacrifices à consentir».
I. B. (avec Tap).