Pour le nouveau secrétaire général de l’Union patriotique libre (Upl), le bilan du gouvernement Jebali est en-deçà des aspirations des Tunisiens, mais il faut lui donner une année pour mettre en œuvre son programme. Et le juger après…
Interview réalisée par Abdelmajid Haouachi
Le père fondateur du parti de l’Upl est bien évidemment le richissime Slim Riahi. Mais, depuis un certain temps, il parait que les rênes de ce parti sont passées aux mains de Khaled Chaouket, son nouveau secrétaire général (désigné par le boss. Avec lui, Kapitalis a fait l’état des lieux de l’Upl conjointement avec l’analyse de la situation dans le pays.
Kapitalis: Quel est le positionnement de l’Upl sur la scène politique tunisienne?
Khaled Chouket: Nous sommes un parti du centre-droite. Nous entreprenons actuellement un dialogue avec toutes les mouvances politiques, qu’elles soient de gauche ou de droite. Mais, pour l’heure, nous préférons demeurer à l’écart de toute coalition avec d’autres partis.
Ceci étant, nous avons deux préoccupations majeures. La première est la restructuration du parti d’une manière globale. La seconde est de souscrire à une opposition politique responsable. En tant que force de proposition ayant une vision critique, nous appelons, d’une part, à un consensus ayant pour socle l’unité nationale, et d’autre part, à un contrôle de l’action du gouvernement par le biais de l’Assemblée nationale constituante (Anc).
Khaled Chouket
Que pensez-vous, justement, de l’action du gouvernement Hamadi Jebali?
Il y a lieu de mentionner, d’abord, qu’il est encore tôt pour parler d’un projet despotique du parti Ennahdha qui conduit actuellement la coalition gouvernementale de la «troïka».
Nous devons reconnaitre, ensuite, que, grâce à la révolution, nous jouissons d’un climat de liberté inédit.
Nous sommes, enfin, persuadés que l’action du gouvernement durant les cent premiers jours a été faible et en-deçà des aspirations des Tunisiens. Nous ne serions, toutefois, pas loyaux si nous jugions qu’un autre gouvernement serait capable de changer la Tunisie en l’espace de 100 jours. Aussi, suggérons-nous de donner au gouvernement un laps de temps d’une année pour mettre en œuvre son programme. Une fois l’année écoulée, nous pourrions alors évaluer cette œuvre.
Et l’Anc?
La Constituante est faible et instable pour deux raisons essentielles. La première relève du manque de maturité de la plupart des mouvances politiques qui ont des représentants dans l’hémicycle. La seconde incombe à la compétence politique et juridique encore modeste de la plupart des membres de l’Anc.
Slim Riahi
Etes quel jugement portez-vous sur l’expérience de l’Upl depuis sa fondation il y a bientôt un an?
La fondation de l’Upl a coïncidé avec la campagne électorale qu’il a engagée à l’américaine. Le parti a ainsi mobilisé les grands moyens dans un tapage médiatique spectaculaire. Le résultat a été en-deçà des attentes de la direction du parti.
Aussi avons-nous jugé utile d’observer un recul pour évaluer la situation et formuler une autocritique constructive. Nous avons opté pour une ligne politique plus sereine et sans tapage médiatique. C’est que notre parti compte figurer comme un vrai parti politique et non comme un simple effet sonore ou une bulle médiatique.
Cela suppose que vous avez fixé des priorités, lesquelles?
Tout à fait, nos priorités sont, de surcroit, complémentaires. Nous considérons que la concrétisation de l’unité nationale autour d’un consensus général est un impératif qui devrait assurer la progression dans la réalisation des objectifs de la Révolution. Cet impératif est en liaison étroite avec la sauvegarde de la démocratie encore embryonnaire dans notre pays.
L’autre impératif est l’élaboration de la Constitution afin d’organiser des élections parlementaires et présidentielles devant asseoir des institutions qui mettent fin au provisoire.
Une campagne publicitaire tapageuse et improductive
Non moins urgent est aussi la relance de l’économie et du projet de développement devant répondre aux attentes des centaines de milliers de chômeurs.