Doit-on être rassuré? Les quatre individus arrêtés la semaine dernière, à Sfax et Tunis, soupçonnés de préparer des attentats terroristes, «n’avaient pas l’intention de commettre un acte terroriste sur le territoire tunisien».


C’est ce qu’affirme le ministère de l’Intérieur, dans un communiqué publié mardi dernier. Est-ce à dire que ces individus planifiaient des attentats dans d’autres pays ou ont des projets de combats sur des fronts jihadistes à l’étranger? Auxquels cas, les assurances du ministère de l’Intérieur paraîtraient puériles voire irresponsables.

Des assurances puériles

Les résultats préliminaires de l’enquête ont montré que le principal suspect parmi les personnes arrêtées «n’avait pas l’intention de commettre un acte terroriste sur le territoire tunisien», indique le communiqué du ministère de l’Intérieur, très laconique et vaguement rassurant.

Suite à des informations relatives à des menaces terrorises, «les services de sécurité, mobilisés sur l’ensemble du pays, ont arrêté quatre personnes la nuit du jeudi à vendredi (10 et 11 mai, Ndlr) à Sfax et à Tunis», précise le communiqué du ministère, expliquant le retard à diffuser cette information par «son souci de garantir le succès de l’opération et pour assurer le secret de l’enquête».

«Les personnes arrêtées n’avaient en leur possession ni armes ni explosifs», a précisé le ministère. Il ajoute que «le principal suspect est un agent de la garde nationale qui s’apprêtait à quitter le pays en direction d’un pays frère (la Libye, Ndlr) dans le but d’y recevoir un entraînement militaire». Il «n’avait aucune intention de commettre un acte terroriste en Tunisie», assure encore le ministère.

Cela n’a pas empêché le ministère de l’Intérieur et le ministère public de maintenir en garde-à-vue le principal suspect et l’un de ses complices, alors que les deux autres personnes arrêtées ont été laissées en état de liberté à la disposition de l’enquête encore en cours.

La Tunisie devenue un vivier du jihad islamique

Doit-on pour autant être rassuré, au moment où les témoignages de jeunes Tunisiens arrêtés en Syrie, où ils étaient partis combattre, se multiplient, notamment à la télévision syrienne? Ces apprentis jihadistes tunisiens arrêtés vivants (beaucoup d’autres ont retrouvé la mort dans les combats) ont parlé d’éléments salafistes jihadistes qui recrutent les jeunes dans les mosquées en Tunisie, et les dirigent vers la Syrie, souvent après un entraînement sommaire en Libye.

Face à ces révélations, qui démontrent l’existence de filières de recrutement et d’entrainement de jihadistes, en Tunisie même, les affirmations soporifiques et lénifiantes du ministère de l’Intérieur résonnent comme une grave désinformation.

Ben Ali avaient peut-être tort de faire feu de tout bois, voyant parfois derrière de simples jeunes croyants pratiquants des terroristes potentiels, mais ne pas voir le feu du jihadisme qui couve sous les démonstrations de force salafistes pourrait constituer aussi une grave erreur.

Ali Lârayedh, ministre de l’Intérieur, et ses équipes doivent tenir un langage de vérité aux Tunisiens et non les bercer par des assurances qui risquent de les aveugler face à des dangers réels.

Les parents doivent aussi savoir que leurs enfants courent des risques de rencontrer des recruteurs salafistes dans les mosquées, les marchés, les bibliothèques publiques, les centres culturels et même dans les lycées et les universités. Et qu’ils ont intérêt à protéger leurs fils contre de telles tentations…

I. B.

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