«Le mouvement Ennahdha se rallie à l’idée de créer une instance supérieure indépendante pour les élections loin du système des quotas politiques», a affirmé Rached Ghannouchi.


«Cette instance doit être indépendante, transparente et légitime», a ajouté le président du mouvement islamiste tunisien en marge de la cérémonie de fin de mission de l’Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie), qui avait organisé les élections de l’Assemblée nationale constituante (Anc), le 23 octobre. Ce fut le premier scrutin réellement libre, pluraliste et transparent organisé en Tunisie, et même dans le monde arabe, et salué ainsi par tous les observateurs internationaux.

Dans une déclaration à l’agence Tap, M. Ghannouchi a également «démenti qu’Ennahdha avait soumis à la constituante un projet de création d’une instance des élections basé sur le système des quotas politiques». «Cette question est du ressort de la constituante et le mouvement Ennahdha respecte le principe du consensus», a-t-il indiqué.

Ce que ne dit pas M. Ghannouchi c’est que le projet de création d’une Instance nationale pour les élections existe bel et bien, qu’il a été élaboré par des experts missionnés par le gouvernement et que ce projet prévoit une composition de ladite instance au prorata de la représentativité des partis (ou des groupes parlementaires) au sein de l’Anc, ce qui, bien sûr, donnera une domination de la «troïka», la coalition tripartite au pouvoir, elle même dominée par le parti islamiste Ennahdha.

En affirmant que son parti n’a pas de projet de création d’une Instance nationale pour les élections, M. Ghannouchi ne dit donc que la moitié de la vérité. Autant dire qu’il ment aussi à moitié. On retiendra, cependant, qu’il s’est rallié à l’idée de créer une instance supérieure pour les élections «indépendante, transparente et légitime».

Reste à savoir quel sens et quelle teneur il donne à cette «indépendance», car il y a un risque que la «légitimité» (qui est, dans son esprit, exclusivement électorale) qu’il semble aussi exiger ne phagocyte l’«indépendance» requise et ne la vide de toute sa substance.

I. B.