Le chef du gouvernement a démenti, vendredi, les propos de son ministre de la Réforme administrative, mercredi, écartant la possibilité que le gouvernement accepte des augmentations salariales en 2012.


«Le gouvernement n’a pas l’intention de dénier les droits des travailleurs ou bafouer leurs revendications légitimes à la dignité et à la justice sociale», a affirmé le chef du gouvernement provisoire Hamadi Jebali, qui s’exprimait, vendredi, à la cérémonie de fin de mission de l’Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie), au Palais des Congrès à Tunis. M. Jebali a mis l’accent sur l’engagement résolu du gouvernement à «améliorer le climat social dans le pays, à travers l’augmentation des revenus des salariés». «La réalisation des objectifs de la révolution tunisienne est tributaire de la promotion des conditions des travailleurs, de l’augmentation de leurs salaires et de l’amélioration des conditions de leur travail», a-t-il précisé.

Ces propos interviennent deux jours après que M. Abbou, ministre de la Réforme administrative, ait affirmé, dans un entretien à Mosaïque FM, que «les priorités du gouvernement Hamadi Jebali consistent à créer des emplois pour les chômeurs et à améliorer la situation dans les régions défavorisées, qui ont été le berceau de la révolution», écartant ainsi la possibilité d’augmentations salariales en 2012, comme l’exigent les syndicats.

Elles interviennent aussi quelques heures après que le bureau exécutif de l’Union générale tunisienne du travail (Ugtt), la principale centrale syndicale, ait publié un communiqué soulignant la nécessité de parachever, dans les plus brefs délais, les négociations pour les augmentations salariales et de faire en sorte qu’elles portent sur une seule année, refusant que l’année 2012 soit une «année blanche» (traduire: sans augmentations salariales) où les conséquences de la crise sont supportées, uniquement, par les travailleurs et les catégories démunies.

Voilà pour les faits. Reste à expliquer la volte-face du gouvernement. Mauvaise concertation entre le chef du gouvernement et son ministre de la Réforme administrative? Liberté de parole de ce dernier, secrétaire général du Congrès pour la République (CpR), réputé pour son franc-parler et souvent soucieux de montrer sa différence? Evolution dans la position du gouvernement, après que le ballon d’essai envoyé par Mohamed Abbou eut achoppé à une forte protestation des travailleurs?

Il y a, sans doute, un peu de tout cela à fois. Il n’en reste pas moins que le gouvernement Jebali gagnerait sans doute beaucoup en crédibilité et en discipline si ses membres cessent de jouer en solo.

A bon entendeur…

Imed Bahri

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