Des stocks entiers de lait slovène et turc dans les grandes surfaces attendent désespérément acheteur: le Tunisien semble décidé à acheter le produit de son pays. Ce patriotisme des consommateurs arrange les industriels locaux.
Une petite tournée, le weekend, dans les grandes surfaces, a suffi pour comprendre les raisons ayant découragé les Tunisiens d'acheter le lait slovène, importé en 2012, et le lait turc importé début janvier.
Le Turc est bon, mais le Tunisien est encore mieux
«J'ai goûté le lait turc, il est vrai qu'il est succulent. Mais il n'est pas meilleur que le lait produit en Tunisie. Avec mon mari, nous avons décidé d'acheter tunisien et de faire bénéficier nos entreprises nationales», a dit à Kapitalis une citoyenne croisée dimanche à la caisse de l'hypermarché Géant. Tant qu'il n'y a pas de pénurie de lait, elle ne voit «pas l'intérêt à importer des quantités énormes et qui ne se vendent pas, au risque de dépasser la date de validité de la consommation», a-t-elle également relevé en regardant le stock énorme du lait turc invendu dans l'espace commercial.
Interrogé sur les quantités exactes du lait importé de Slovénie et de Turquie, Mohamed Ali Ferchichi, chargé de la communication auprès du ministère du Commerce et de l'Artisanat, a précisé qu'en 2012, lors de la basse lactation, il y a eu pénurie et l'Etat a dû importer 3 millions de litres de lait slovène et commander par la suite 2 autres millions de lait turc.
Selon la même source, il y a deux semaines, on a compté 900.000 litres de lait slovène encore invendus dont la date de consommation expire fin décembre prochain. S'y ajoute le stock de lait turc importé via l'homme d'affaires Slim El-Euch, qui, même après la réduction de leur prix, ne se vend pas bien.
Attention aux stocks de régulation!
Il est vrai qu'avec la polémique ayant eu lieu, il y a 2 semaines, à propos du communiqué ministériel adressé aux entreprises leur demandant de limiter leur production, le Tunisien s'est senti touché dans son patriotisme et a décidé de bouder les marques étrangères, qui plus est payées en divises, admet un responsable d'une entreprise de production de lait et dérivés, qui ne s'en plaint pas, au contraire... «Puis, il y a la date de pérempition et le produit risque d'être périmé s'il ne se vend pas. On ne joue pas avec le lait, déjà pour les boissons gazeuses, on n'a pas le droit de dépasser les 9 mois, après la date de la production, que dire du lait!», ajoute le responsable.
Les entreprises de production de lait sont appelées aujourd'hui à stocker, fin juin, 50 millions de litres de lait pour les mois suivants et surtout pour Ramadan.
La demande au quotidien, selon le ministère est de 1,5 million de litres de lait. Et les fabricants craignent, aujourd'hui, de ne plus recevoir les subventions s'ils continuent à beaucoup produire.
Zohra Abid