Le prix d’un kilo de viande rouge (de bœuf, de mouton ou de chèvre), habituellement établis à 12 dinars de kilo, plafonne aujourd’hui à 14 voire à 15 dinars. Ce sont les prix affichés actuellement par la plupart des bouchers, qui proposent le kilo de foie à 20 dinars. A ce tarif là, les Tunisiens à revenus moyens auront de plus en mal à garnir leur cuisine de ce produit qu’ils affectionnent tant.
Du côté du Groupement interprofessionnel des viandes rouges et du lait (GIVLait), on préfère minimiser l’ampleur du phénomène. Si les prix ont augmenté, cela s’explique par des distorsions passagères entre l’offre et la demande causées par la saisonnalité de la production, laquelle est tributaire du cycle reproductif des femelles. Cela signifie que les prix devront retrouver leurs niveaux habituels à partir du printemps, lorsque les agneaux auront atteint l’âge de l’abattage, c’est-à-dire à partir d’avril.
En attendant, la spéculation continue de battre son plein et les bouchers semblent s’être donné le mot pour maintenir les prix au plafond. Signe de cette surenchère, près de la moitié des infractions enregistrées depuis le début de l’année par les équipes de contrôle économique concerne ce secteur.
Le Tunisien consomme en moyenne 8 kg de viandes rouges par an (contre 9 kilos de poisson). La consommation nationale de ces viandes s’élève à quelque 125 000 tonnes, dont «seulement» 3 000 sont absorbés par le secteur du tourisme, qui consomme, par ailleurs, entre 6 000 et 8 000 tonnes supplémentaires de produits à base de ces viandes.
Les viandes rouges présentent 47% de la production globale de viandes dans le pays, contre 53% pour les viandes blanches. Elles contribuent à 40% dans la valeur ajoutée du secteur de l’élevage. Lequel contribue, à son tour, à 38% dans la valeur ajoutée du secteur agricole.
La Tunisie produit annuellement environ 120 000 de tonnes de viandes rouges, dont l’essentiel (110 000 tonnes) provenant des bovins, ovins et caprins, et le reste d’autres espèces, notamment le chameau, ou encore l’autruche, dont l’élevage s’est développé au cours des quinze dernières années.
La production tunisienne de viandes rouges ne couvre qu’environ 95% des besoins de la consommation. Pour combler le déficit du secteur, qui varie selon les années et les saisons, l’Etat autorise les privés à importer une partie des besoins intérieurs sous forme de viande de vache congelée. Un comité national assure le suivi du marché et son approvisionnement par l’importation de quantités de viandes rouges réfrigérées.
Yüsra Mehiri