Pris par l’ivresse du pouvoir mais sans réels pouvoirs, cherchant désespérément à se manifester vis-à-vis de ses partenaires qui ont le pouvoir réel, M. Marzouki apparaît de plus en plus comme un homme seul, désarmé et inutile.
Par Tarak Arfaoui
La présidence de la république, le symbole suprême du pays et du prestige de l’Etat, gardienne du temple républicain, s’est subitement retrouvée, révolution oblige, vidée de son aura, transformée sous le dictat d’Ennahdha en une institution sans consistance, hantée par une cohorte de locataires sans pouvoir ni efficience avec à sa tête un faisant-fonction de chef d’Etat provisoire sans grandes prérogatives. Plus grave encore, ce macchabée sans âme coûte au budget de l’Etat tunisien la bagatelle de 70 millions de dinars par an payés au frais du contribuable.
Un chef d’Etat privé de toutes prérogatives
Soixante dix milliards de nos millimes soit environ 6 milliard par mois, c’est le budget de fonctionnement de la présidence. Cela donne le vertige quand on pense que cela pourrait servir à créer une dizaine de milliers d’emplois productifs pour les diplômés chômeurs par exemple, ou à créer quelques centaines de petites entreprises rentables pour l’économie du pays. Mais pour le prestige de l’institution, on demande encore aux Tunisiens de faire un ultime effort afin d’assurer le confort des occupants du Palais de Carthage, à savoir un gouvernement «bis», composé d’une quinzaine de conseillers avec rang de ministre flanqués chacun d’une armada de chefs, d’assistants, de sous-fifres, et tutti quanti, sans oublier la fanfare sécuritaire, les brigades spécialisées, les voitures de prestige, l’avion présidentiel avec son équipage, et toute la panoplie sécuritaire qui est aux basques d’un chef d’Etat privé de toutes prérogatives dignes de son rang.
Quelle est l’utilité de cette armée de conseillers à la présidence qui, ennuyés par leur oisiveté, frappés par le même spleen que leur président désœuvré se mettent maintenant, comme pour manifester leur existence, à se chamailler avec leurs alliés au gouvernement par déclarations, communiqués de presse et pages facebook interposés.
Quelle est l’utilité de ces milliers d’agents qui gravitent autour du palais et qui seraient plus efficaces si on les détachait pour rétablir l’ordre sécuritaire dans le pays?
Quelle est l’utilité de ce personnel pléthorique, de cette cohorte d’attachés de presse, de secrétaires, de chauffeurs, etc.?
Quelle est l’utilité de cette institution présidentielle dans sa configuration actuelle imposée par Ennahdha?
Un homme seul, oisif et désarmé
En quoi M. Marzouki peut-il peser dans les décisions cruciales qui engagent l’avenir du pays?
Il va sans dire que, pour le prestige aussi, notre cher président n’a pas à rougir de ses émoluments, presque 400.000 dinars par an, au niveau de ceux de ses non moins prestigieux collègues des grandes puissances de ce monde.
On a du mal à oublier le temps où M. Marzouki, austère parmi les austères, il y a à peine deux ans, réclamait une présidence collégiale pour le pays, refusait le palais de Carthage, fustigeait le train de vie de Zaba, et promettait à ses électeurs une vie d’ascète se nourrissant de militantisme populiste.
Pris au piège de l’ivresse du pouvoir mais sans aucun pouvoir, impuissant devant les évènements qui secouent le pays, et faute de prérogatives, cherchant désespérément à se manifester vis-à-vis de ses partenaires qui ont le pouvoir réel, M. Marzouki apparaît pourtant comme un homme seul, désarmé, maudissant certainement en son for intérieur le jour où il s’est fourré dans la gueule du loup... de Carthage.
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