L’auteur a assisté à la conférence de presse des artistes ce matin à la salle Le Mondial, à Tunis. Premières impressions...

Par Karim Ben Smaïl


 

J’y ai vu des femmes et des hommes de l’art, peinture, théâtre, cinéma, musique, photo... La fine fleur du talent et de la sensibilité de notre pays. J'ai vu dans leurs yeux l'inquiétude d'une corporation livrée par le ministre de tutelle aux loups salafistes.

La culture confrontée à l’alliance Ennahdha/Salafistes

J’ai perçu dans leurs voix les intonations de celles et ceux qui n’ont pas la violence dans leur quotidien et qui reçoivent tous les jours des menaces de viol et de mort sur leurs téléphones et sur internet, des menaces proférées par ceux que le Premier ministre appelle «awladna» (nos enfants), ceux là mêmes qui brûlent et détruisent impunément depuis des mois avec le silence bienveillant du ministre de l'Intérieur, ceux là mêmes que Ghannouchi, emboitant le pas à Al Zawahiri, exhorte à la manifestation pour «atteinte au sacré», ultime mensonge d’une bande de brigands qui s’est emparée de la révolution pour mieux l’enterrer.

J’ai vu une communauté à la fois désemparée et pleine de colère, mais déterminée à résister.

Une évidence se dégage, cette communauté, notre communauté de la culture est confrontée à l’alliance Ennahdha/Salafistes. Et à un projet de société où nous n’avons pas notre place. Cet ennemi attend le pouvoir depuis des décennies, il l’a aujourd’hui et entend le garder et éliminer tout ce qui ne cadre pas avec sa vision étriquée du monde, tout ce qui rime avec liberté.

Quand l’Etat est allié à la racaille

Où trouver les ressources, les femmes et les hommes, le peuple «éveillé», l’argent, et l’énergie de lutter contre ces criminels? C’est vers l’Etat que les citoyens en danger doivent se tourner pour demander protection? Que fait-on quand l’Etat est allié à la racaille? Comment fait-on quand le gouvernement est plus préoccupé par sa survie que par la sécurité de ses citoyens?

Des appels aux meurtres se multiplient sur le net, des postes de polices brûlent, des locaux privés sont saccagés... les autorités restent de marbre. Pendant ce temps, le tourisme se meurt, l’industrie naufrage et le chômage enfle aux sons des muezzins dopés aux kilowatts.

Ce sont ces questions qui me trottaient dans le tête en rentrant, et en croisant dans les rues de Tunis ces jeunes Tunisiennes émancipées, et ces Tunisiens préoccupés par l’avenir. Se feront-ils de nouveau manger par la propagande islamiste?

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