Pour comprendre ce qui nous attend si l’activité économique dans le pays continuait selon le schéma développé ci-dessous.

Par Hichem Jouaber


Une journée aride dans une petite ville chaude et sèche au fin fond de la verte Tunisie, sans électricité, l’eau est coupée depuis 3 jours.

Sous un soleil de plomb, les rues sont abandonnées, les tas d’ordure s’entassent, une ambiance de fin du monde.

Les temps sont durs: tout le monde se terre, tout le mode a soif, tout le monde est au chômage, tout le monde est endetté, tout le monde vit à crédit.

Arrive un des rares touristes allemands, qui a voulu visiter la source de ce printemps arabe et sentir son jasmin. Il arrête sa voiture devant le seul hôtel de la ville qui est resté ouvert en ce temps de crise et il entre.

Il pose 100 dinars sur le comptoir et demande à voir les chambres disponibles afin d’en choisir une pour la nuit. Le propriétaire de l’établissement, aussi étonné que content, lui donne les clés et lui dit de choisir celle qu’il veut.

Dès que le touriste monte l’escalier, l’hôtelier prend les 100 dinars, file chez le boucher voisin et règle sa dette envers celui-ci.

Le boucher, qui doit de l’argent à un éleveur de moutons, se rend immédiatement chez ce dernier et lui donne les 100 dinars.

L’éleveur de mouton, à son tour, règle ses dettes envers la coopérative agricole où il achète ses fournitures.

Le directeur de la coopérative court aussitôt jusqu’au bar pour régler son ardoise au patron du bar.

Le patron du bar, glisse alors les billets à la prostituée qui lui fournit ses services à crédit déjà depuis des semaines. Celle-ci, qui utilise l’hôtel proche, professionnellement, court régler son compte avec l’hôtelier.

L’hôtelier pose les 100 dinars sur le comptoir où le touriste allemand l’avait posé en arrivant.

Au même moment, le touriste descend l’escalier, annonce qu’il ne trouve pas les chambres à son goût, ramasse ses billets et s’en va.

Personne n’a rien produit, personne n’a rien gagné, tous ont réglé leurs dettes et le futur semble beaucoup plus prometteur pour tous...

C’est ce que l’on appelle le cercle vicieux de la monnaie de singes dans lequel le gouvernement de la «troïka» (la coalition tripartite au pouvoir) est en train de nous mettre.  A vous de voir...

* Ingénieur de l’Ecole des Ponts & Chaussées, ancien vice-président de Gemini Consulting en charge de la Stratégie industrielle, actuellement directeur des systèmes de production et de la Supply Chain d’un groupe industriel mondial.

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