Il finit par me prendre la tête, Moncef Marzouki, ce prétendu neurologue, incapable autrefois de traiter une céphalée et aujourd’hui de diagnostiquer la tumeur maligne d’Ennahdha qui congestionne l’Etat tunisien.

Par Ines Mechri


Sous les ordres de la république française, le président de la république provisoire vient débiter ses foutaises/fou- thèses, lui dont le discours politique est fait de bric et de broc, construit de métaphores médicales, d’éléments de langage attrapés ici et là et plus rarement d’inspiration humaniste vite rangée au placard de l’opportunisme.

«A nous deux, Paris !», proclamait l’ambitieux Rastignac de Balzac et voilà que tout frétillant d’y être enfin parvenu, dans le temple même de la laïcité, Moncef Marzouki proclame devant les parlementaires français que le parti Ennahdha au pouvoir en Tunisie est un «parti islamo-démocrate», à l’instar des partis chrétiens-démocrates européens.

Il étale ainsi sa méconnaissance de l’histoire de la sécularisation des sociétés et des pouvoirs européens, d’une chrétienté qui a procédé à son aggiornamento, alors que l’islam est encore très loin d’accepter l’«ijtihad», c’est-à-dire une interprétation ouverte de la religion et des rapports du spirituel et du temporel. D’ailleurs, le leader d’Ennahdha vient de le rappeler, refusant de penser l’impensable: il ne saurait y avoir de séparation entre la religion et l’Etat en islam. Telle est la conviction de l’islamisme politique.

L’honneur Les parlementaires de la gauche la plus bête du monde en matière de révolution arabe goberont-ils cette qualification d’Ennahdha par celui qui en est le jouet? Car Moncef Marzouki dont la marque de la rhétorique est de tripler certaines tournures langagières – par exemple dans ces trois «Salem aleikoum», à l’Assemblée nationale constituante (Anc), se prenant pour Obama – n’est rien entre les mains d’Ennahdha, trois fois rien!

A Paris encore, en conférence de presse aux côtés du président Hollande, il affirme défendre plus que les intérêts de la Tunisie, son honneur. En déclarant tourner la page de la livraison de Baghdadi Mahmoudi aux bonnes âmes policières libyennes, sur décret du chef du gouvernement Jebali. De quelle «rjoulia» (sens de l’honneur) fait-il vraiment preuve en se rendant complice de ce qui pourrait bien être un crime d’Etat?

Quels intérêts défend-t-il au juste en décrétant le limogeage du gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (Bct), Mustapha Kamel Nabli, entériné par une Anc aux ordres d’Ennahdha, lui qui n’entend rien à l’économie?

Une descente aux enfers de l’inflation

En se débarrassant de ce maître de la rigueur budgétaire, ce vigile de la dépense publique, cette haute autorité monétaire, ce garant de la crédibilité financière tunisienne qu’est M. Nabli, le président Marzouki fait le (sale) job pour Ennahdha: désormais le pays pourra être livré à l’inflation dans le déversement démagogique de liquidité sur le marché, et bonjour les déficits, adieu les crédits à des taux d’intérêts acceptables! Surtout, c’est la porte de la Bct grande ouverte au flux financiers qataris et autres, sans qu’aucun audit ne vienne explorer le financement des partis.

M. Nabli n’est pas irremplaçable, mais son éviction amorce une descente aux enfers annoncée auquel aucun paradis promis par Ennahdha ne pourra se substituer.

Au festival du théâtre d’Avignon, un dramaturge et un acteur palestiniens ont mis en scène le crachat de jeunes de Gaza dans toute leur désespérance.

Que nos nouveaux pouvoirs prennent garde à ce que la jeunesse tunisienne, qui fit un certain 14 janvier 2011 une révolution initiatique désormais confisquée, n’éjecte sur eux le crachat de l’histoire.