Pourquoi les francophones montrent-ils, dans leurs écrits, une haine viscérale pour tout ce qui de près ou de loin renvoie la Tunisie à son histoire arabo-musulmane?

Par Habib Ksouri


En feuilletant les pages de certains journaux papiers ou électroniques, on se rend compte de l’impact de la France sur certains esprits. En fait, il s’agirait plutôt d’une emprise que d’un impact tant certains sont complètement absorbés par ce qu’ils avancent comme «culture» française et qui par la réalité des faits et des écrits frôle la dépendance absolue envers tout ce qui est «français».

La francophonie, sans pour autant constituée cette attitude «maladive» que certains se disant francophones prennent, n’excède pas sémantiquement «le fait de parler français; l'aptitude à parler français».

Nonobstant, les «francophones» qui s’étalent sur nombreux médias, en plus d’une francophilie exacerbée (et c’est là leur plein droit), dénotent un désir d’imposer à toute la société tunisienne un point de vue selon lequel le salut de notre pays ne peut se réaliser que sous le «doux» joug de la France.

Ces mêmes personnes, à lire leurs écrits, montrent une haine viscérale pour tout ce qui de près ou de loin renvoie la Tunisie à son histoire arabo-musulmane. En désespoir de cause, ils nous renvoient à l’origine punique, berbère, homo-sapiens, etc.

La caricature de l’histoire

En fait,  l’important, l’essentiel, c’est d’estomper et de caricaturer un maximum une partie de l’histoire de ce pays. Pourquoi idéaliser la révolte de la Kahena berbère contre l’occupant arabo-musulman et regarder d’un œil critique la révolte du peuple arabo-musulman contre l’occupant français?

Il est vraiment pénible pour certains d’assumer un des versant de leur propre histoire. Sans entrer dans les raisons d’une telle attitude, il convient parfois de lire l’histoire coloniale et surtout l’histoire de la résistance à la colonisation pour la comprendre. Diviser pour régner, une histoire aussi ancienne que l’histoire elle-même. Voyez actuellement les tiraillements «religieux-laïques» et deviner une fraction des forces claires-obscures qui sont derrières.

Aimer la culture française est une chose, mais exiger qu’elle s’impose sur toute autre culture en est une autre. Ceux qui prônent la diversité par les paroles, doivent y associer des actes réels. Aimer la France est aussi légale, mais ceux qui prêchent la francophilie doivent lire aussi l’histoire de la France avec un certain recul. L’inconditionnalité est nocive en toute circonstance, même en francophilie. Rappelons-nous toujours le proverbe Tunisien du servant qui s’avère plus véhément que son maître.

Ce n’est pas par hasard que cette animosité envers les partis religieux se confond parfois chez certains intégristes de la francophilie et d’autres avec une exécration de la religion (je transcende ici les animosités, personnelles, de classe sociales, etc.). En réalité, c’est bien la religion qu’on vise, mais comme ceux qui usent et abusent du pragmatisme politique ou plutôt de la lâcheté populiste ont tout de même besoin des voix de ce peuple qu’ils snobent aussi bien que ses croyances,  ils sont bien forcés de cachoter leur petit jeu.

Soyons clair, je ne dis aucunement qu’un quelconque parti représente la religion (pour couper court aux excités qui ont la détente verbale grossière rapide, bien que!), mais ce sont ceux qui veulent noyer le bébé «religion» avec l’eau du bain «partis religieux» qui l’affirment. Il convient pour ces derniers de se munir d’un zeste d’objectivité, d’un soupçon de courage et d’un tant soit peu d’honnêteté pour affirmer leur pensées réelles et essayer de comprendre que le temps des impositions sous quel couvert que se soit est désormais sur le déclin.

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