Si les islamistes sont en train d’instituer une nouvelle dictature, c’est le futur qui nous le dira et pas les spéculations de gens compromis dans l’une des pires phases de l’histoire de la Tunisie.
Par Habib Ksouri
Sans rentrer dans les détails des sommes d’argents, de l’utilité, des justifications, du réel pouvoir réparateur des indemnisations, le spectacle de la manifestation organisée mardi par ce qui s’autoproclame «société civile» été vraiment affligeant.
Absence totale d’empathie pour les victimes
Cette manifestation nous ramène aux pires moments de la dictature et ramène une partie des Tunisiens à leur position réelle concernant cette dictature.
Cette manifestation traduit bien et sans équivoque l’absence totale d’empathie pour ne pas dire la haine extrême que porte une partie des Tunisiens envers une autre parie, celle dite islamiste.
Pire encore, elle représente un déni flagrant de tout ce qui s’est passé durant ces deux dernières décennies et se range sans ambigüité au rang de l’ancien pouvoir qui niait tout. Les radoteurs qui nous cassent les oreilles avec leurs opinions, dans chaque recoin de journal, radio, site web, etc., auraient été inspirés de dire un mot, un seul, au temps où l’on travaillait les prisonniers politiques à la perceuse. Au temps, où des milliers de familles étaient châtiées, au temps des visiteurs de la nuit, des brimades qui atteignaient même les enfants, des contrôles administratifs infinis, des parents morts de chagrin pour le sort qu’on réservait à leurs enfants, etc.
Animosité envers une partie du peuple
Ce qui s’est passé en Tunisie ces deux dernières décennies représente une honte pour tous les Tunisiens. La barbarie avec laquelle l’ancien régime a traité une partie du peuple tunisien défie toutes les normes. Incontestablement, cette barbarie n’aurait jamais existé si elle n’avait eu le «support» immoral d’individualités dépourvues de tous sentiments humains et je ne parle pas ici uniquement des tortionnaires.
Les coalitions gauche extrémiste, nationale-fasciste, «noblesse» à deux sous et dictatures ont su de tout temps composer les uns avec les autres pour leur propre intérêt et dans un déni total du reste du peuple.
Ceux qui travaillent avec ardeur pour la division des Tunisiens, ce sont ceux qui sont prêts à tout faire anéantir uniquement pour leurs intérêts partisans et leur animosité envers une partie de ce peuple.
Vous me direz que ce que je décris là, c’est le propre des islamistes. Moi, je juge sur des faits et les faits sont clairs: jusqu’à maintenant, ceux qui ont commis et/ ou ignoré les exactions commises pendant des décennies sont connus. Si les islamistes sont en train d’instituer une nouvelle dictature, c’est le futur qui nous le dira et pas les spéculations de gens compromis dans l’une des pires phases de l’histoire de la Tunisie.
A ma connaissance et jusqu’à présent, la politique c’est l’art de prévoir, mais pas l’art du déboire et ce qui s’en suit.
(*) Certains diront que la gauche et les nationalistes ont combattu et souffert de la dictature, je suis totalement d’accord. Moi, je vise les néo-révolutionnaires virulents et extrémistes qui ont pignon sur rue dans les différents mass-médias et les anciens tortionnaires du Rcd qui en plus de cautionner moralement la dictature, la soutenaient physiquement à coup d’informateurs, d’indics et de gros bras.
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