altLe cancer, qui est en train de ronger le pays à tous les niveaux, n’est qu’à sa première phase et ne peut être soigné et guéri que par un consensus national qui met l’intérêt supérieur du pays au-dessus de tous calculs hégémoniques.

 

Par Chérif Arfaoui*

Quelle qu’eut été la couleur de la majorité dans la Constituante, la Tunisie a «applaudi» à la réussite des élections. L’objectif, ou le devoir, pour cette assemblée, était de rédiger une nouvelle Constitution en laissant la charge à un gouvernement de transition de gérer les affaires du pays durant une année au maximum. Une mission patriotique d’une importance capitale compte tenu des soubresauts que le pays a connus et vit encore.

A la conquête du pouvoir tête baissée

Malheureusement, la victoire aux élections a grisé Ennahdha – surtout – et ses partenaires et leur a fait oublier l’intérêt supérieur du pays. En conquérants, et traitant même de «vaincus» leurs pairs, ils sont partis à la conquête du pouvoir tête baissée. Tout ce qu’ils avaient en tête devait passer et ne tolérait aucune objection.

Et l’on a été, et on l’est encore, obligés de vivre une période où tout va à vau-l’eau. Rien ne marche, l’économie est asphyxiée, l’insécurité règne, les libertés sont bafouées et le laxisme vis-à-vis des «barbus» (extrémistes religieux, Ndlr) donne à ces derniers chaque jour plus d’arrogance. Sans oublier ces contre-manifestants qui menacent à tout moment de mener les Tunisiens à des confrontations sanglantes.

Mauvaise communication et absence de feuille de route claire

Le gouvernement en place, oubliant qu’il n’y est que pour une période déterminée, bombe le torse, menace, grisé par sa «légitimité» et emporté par les eaux troubles de la politique politicienne. Gérer un pays, de plus par une période de crise sans précédent, n’est pas chose aisée et tout retard ou toute tergiversation ne fait qu’accentuer les maux…

Et l’on continue sur la même lancée pour noyauter et museler les médias et se fourvoyer, encore une fois, «oubliant» que la mission première est d’élaborer la Constitution. Des tas de dossiers épineux sont ouverts alors que l’on sait pertinemment que leur solution demande beaucoup de temps et de sagacité.

La Tunisie profonde est en proie à un marasme révoltant avec une absence de communication et de sensibilisation et, surtout, d’une feuille de route claire pour convaincre les gens que la mission de redressement n’est pas aisée.

Les choses étant ce qu’elles sont, les jours de cette «législature» étant comptés, on joue les prolongations!...

Pour éviter le pire, il est temps qu’un consensus soit trouvé, que l’on place l’intérêt supérieur du pays au-dessus de tous les calculs hégémoniques. Le cancer, qui est en train de ronger le pays à tous les niveaux, n’est qu’à sa première phase et peut être soigné et guéri.

Autrement,  et Dieu nous en garde, notre chère et belle Tunisie basculera dans le chaos…

* Journaliste.