Sihem Badi a l’indignation opportuniste, égocentrique et à géométrie variable. Son excuse : elle est souvent à l’étranger lorsque le acquis de la femme sont menacés ou qu’une femme est violée.Sihem Badi a l’indignation opportuniste, égocentrique et à géométrie variable. Son excuse : elle est souvent à l’étranger lorsque le acquis de la femme sont menacés ou qu’une femme est violée par des policiers.

Pae Sami Hilali

Encore une fois la réaction de la ministre des Affaires de la femme et de la famille a tardé à venir, alors même que l’affaire de la femme violée défraie la chronique.

Des centaines de voix se sont élevées pour exiger une réaction ferme de Sihem Badi, pourtant première concernée par les affaires des femmes.

Sur la page Facebook de la ministre, les citoyens la suppliaient d’intervenir au point qu’une internaute a écrit le 27 septembre 2012 «Le viol a eu lieu début septembre. Il a fallu tout ce temps juste pour ‘‘condamner’’!!! En réalité, il a fallu que les internautes bombardent cette page de commentaires pour que vous donniez votre avis là-dessus. Shame on you!!!!(1)» Mais, pourquoi donc cette léthargie?

Le mutisme calculé de la ministre

Ceci rappelle celui observé lors de l’affaire du mariage coutumier lorsque de nombreux Tunisiens se sont interrogés sur les raisons du mutisme de la ministre. Aicha Dourouni, juriste et analyste politique, lui avait alors adressé une lettre ouverte sur les colonnes du ‘‘Courrier de l’Atlas’’ sous le titre révélateur: «L’oracle désarmant d’un retour au mariage coutumier, que les journaux vous prêtent et que vous n’avez pas démenti, nous a littéralement assommées»(2). Rappelons-nous aussi du fameux projet d’article 28 de la constitution. Alors que la société civile et presque tous les partis – excepté Ennahdha – se sont mobilisés contre cet article rétrograde, la ministre de la Femme a attendu une quinzaine jours et n’est intervenue que le 15 août sur les ondes de MosaïqueFM, après que des députés d’Ennahdha aient, eux-mêmes, critiqué ledit projet d’article. 
D’aucuns pensent que ce retard est le fait d’un comportement opportuniste visant à ménager son camp et ses alliés et à n’intervenir que lorsqu’il n’est pas possible de faire autrement.

En fait, une autre explication nous semble plausible: Mme Badi a un engouement particulier pour les voyages, or il se trouve qu’elle soit souvent absente en pleine crise.

Chut, madame la ministre est à l’étranger!

Sur sa page FB du 6 août(3), on y lit notamment qu’elle a visité 4 pays : Iran, Algérie, Qatar et USA au cours du seul mois de février et c’est la période de la polémique sur le mariage «ôrfi».

Le 13 août, jour de la fête des femmes, les Tunisiennes manifestaient devant l’Assemblée nationale constituante (Anc), au Bardo, contre le projet d’article 28 mais la ministre était à Londres!(3).
La réaction involontairement – encore une fois – tardive de la ministre en ce qui concerne le cas de viol de la jeune fille par des policiers s’explique aussi, mais très partiellement, par la présence de la ministre au Maroc du 23 au 26 septembre(4) où elle a participé, justement, à la conférence régionale sur la violence à l’égard des femmes! D’ailleurs, sur le site web d’ExpressFM, on lit, en date du 28/09/2012: «Interpellée sur la réaction tardive du ministère de la Femme à la comparution de la jeune femme violée en tant qu’accusée, elle s’est contentée de dire qu’elle était à l’étranger (Au Maroc)».
Pour finir, la ministre a promis, le 25 mai 2012, sur tous les médias, l’ouverture, dans quelques semaines, d’un centre d’hébergement pour les femmes violentées(5) (6). Le 27 septembre elle annonce (rebelote !) l’ouverture desdits centres dans le courant de novembre!(7) Et c’est ainsi que les quelques semaines se sont transformées en quelques mois. Et on n’est pas sûr que ces centres vont vraiment ouvrir en novembre!

Faut-il alors rappeler que la seule fois où la riposte de Mme Badi fût fulgurante et immédiate a été enregistrée à la suite de la présumée attaque contre sa personne attribuée à une fonctionnaire au siège même du gouvernement. Malgré le démenti de l’«agresseur»(8), Mme Badi(8), son parti, le CpR(9) et le chef de cabinet de la ministre, Sonia Taboubi(10) se sont mobilisés pour se faire justice et diaboliser la femme accusée.

Mme Badi, quand allez-vous enfin vous indigner lorsque les femmes, vos semblables, sont menacées dans leurs acquis ou agressées moralement et physiquement!

 

Notes :

(1) Page FB de Sihem Badi, le 27/09/2012, commentaire de Mad Sanhaji.

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(5) Sihem Badi annonce: «Un centre pour femmes violentées verra le jour bientôt»: C’est bien le moment. Shems Fm, le 25 mai. 2012.

(6) Vendredi 25 mai 2012, 15:59, Radio Oxygène. «L’ouverture de ce centre est prévue dans quelques semaines à Tunis puis dans les grandes villes avec un numéro vert.»

(7) Sihem Badi annonce la création, en novembre prochain, du premier... 28/09/2012 – Sihem Badi, ministre de la femme, était, vendredi, l'invitée de la matinale ... Le centre «SOS femmes battues» sera créé en novembre prochain…

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