L’affaire du viol d’une femme par des policiers est un test pour le ministre de l’Intérieur: soit il couvre les siens et réinstaure la dictature policière, soit il se désolidarise des agents pourris et démontre qu’il n’y aura plus d’impunité pour les policiers.

Par Aida Bouchadakh

Le viol, cette arme redoutable qui vous détruit de l’intérieur, a longtemps été utilisée sous le régime de ben Ali et toute impunité…et pour cause.

Très rares sont les femmes qui vont oser défier les tabous de la société arabo-musulmane et vouloir faire prévaloir leur droit.

Certes, la violée est une victime de son violeur, mais le fait de dévulger cet acte ignoble, dont elle a fait les frais, deviendra par après la victime de la société toute entière.

Le qu’en dira t’on est parfois mortel et rares sont les couples qui survivent après un tel événement, surtout s’il est étalé au grand public.

Aujourd’hui, il semble que les mentalités changent et c’est tant mieux.

Cette jeune femme qui a eu le courage d’affronter le regard de la société doit être saluée et soutenue.

Les policiers, qui sont supposés être les protecteurs des citoyens, ne doivent pas croire qu’ils jouissent de l’impunité. Bien au contraire, le fait d’être policier doit être considéré comme une circonstance aggravante.

Nous devons avoir une tolérance zéro pour ce type de comportement, il en va de la survie de notre démocratie naissante.

Il serait erroné de croire que seules les non voilées pourraient faire les frais de ce type de comportement bestial. Loin s’en faut. Certaines, voilées de la tête au pieds, devenues même une ombre, l’ont été également.

C’est que le viol ne relève pas seulement d’un désir impulsif, non canalisable, il relève aussi de la volonté d’assujettir l’autre, de le réduire à une chose dont on dispose selon son bon vouloir.

Le viol peut également constituer une politique.

La politique du viol collectif a été utilisée comme arme de guerre. Ce fut notamment le cas en Bosnie-Herzégovine, en Irak et en Syrie. Ce fut également le cas en Tunisie, il n’y a pas si longtemps que ça….

Dans le cas de figure qui nous concerne, ce viol est probablement un test vis-à-vis du nouveau pouvoir en place depuis la révolution: soit le ministre de l’Intérieur couvre les siens et réinstaure peu à peu la dictature policière, soit il se désolidarise des agissements de ses agents pourris et démontre qu’il n’y aura plus d’impunité pour les policiers.

La justice doit également se remettre en cause.

Il semble que laisser la main libre à une justice habituée aux anciennes méthodes relèverait du suicide et constitue à mon sens une grande entorse au principe même de la justice.

Il est plus que temps de remettre à plat le système judiciaire sous peine de le voir annuler tout effort en matière de lutte contre toutes les formes de criminalités qui se développent actuellement en Tunisie, qu’elles  soient d’ordre économique ou social…