nonisrael22Le projet d’article 27 de la nouvelle constitution tunisienne relatif à la criminalisation de la normalisation avec l’entité sioniste est une dénonciation de l’arrogance et de l’impunité d’un «Etat» hors-la-loi.

Par Meriam Hammami*

La mort est passée par là : le 1er octobre 1985, la Tunisie a été victime d’un raid israélien: 8 mirages volant à basse altitude ont bombardé le quartier général de l’Olp à Hammam-Chatt, au sud de Tunis.

Les trois assauts successifs, qualifiés d’exploit par les Israéliens, ont fait 68 victimes, 50 réfugies Palestiniens et 18 civils tunisiens. Le quotidien tunisien ‘‘Le Temps’’ avait titré son édition du 2 octobre 1985: «Des décombres… des cadavres, la mort est passé par là».

Cette attaque barbare a été vivement condamnée tant par les Tunisiens que par la communauté internationale, à l’exception des Etats-Unis qui se sont abstenue, justifiant ainsi son terrorisme d’Etat.

Ce crime, resté jusqu’à ce jour, impuni n’est en fait qu’un maillon de plus dans la chaine de nombreux actes d’agression et de terrorisme d’Israël comme l’ont rappelé bon nombre de pays lors du conseil de sécurité du 4 octobre 1985.

L’atteinte au sacré: du massacre de Deir Yassine en avril 1948 à l’agression armée perpétrée par Israël contre le territoire tunisien, passant par les innombrables carnages commis sur le sol palestinien, la politique sioniste affiche ouvertement son visage sanguinaire qui ne porte aucun respect à la sacralité de la vie humaine, à la souveraineté des nations et au droit sacré des peuples de décider de leur propre destin.

Lorsque j’entends parler aujourd’hui en Tunisie de l’imminence d’une promulgation d’une loi visant à criminaliser l’atteinte au sacré, je ne peux m’empêcher de penser à la sacralité de la vie humaine et à la sacralité de la justice face aux crimes contre l’humanité commis par un état hors-la-loi.

Les atteintes aux symboles religieux sacrés ne sont que la face apparente d’une culture de la haine et de l’injustice qui mènera irrémédiablement à une guerre des civilisations. La profanation du monastère chrétien en Palestine en septembre et l’invasion récente de l’esplanade de la moquée d’Al-Aqsa à El-Qods par des sionistes en sont la preuve.

Ces actes criminels, sont à l’origine d’un clivage sanguinaire entre les civilisations que  l’écrivain américain Benjamin Barber a baptisé d’une manière caricaturale «Jihad versus Mc world » pour dénoncer le lien entre le colonialisme économique américain et le terrorisme, même s’il serait plus juste parler d’un lien entre le dogmatisme religieux et le terrorisme d’Etat: deux mouvements extrémistes qui s’alimentent l’un l’autre, dans le sens où l’un légitime les crimes de l’autre.

L’article 27 de la constitution tunisienne: la Tunisie n’est pas à l’abri du terrorisme sioniste, qui n’a pas respecté sa souveraineté il y a  27 ans et continuera à s’immiscer dans les affaires internes des nations pour les déstabiliser.

La Tunisie postrévolutionnaire se trouve donc, aujourd’hui, à la croisée des chemins: se laisser entrainer dans le sentier des confrontations violentes imposées par la politique de «la force prime le droit» ou bien d’ouvrir la voie d’une conception plus juste du monde.

Notre avenir se décide aujourd’hui car notre constitution s’écrit aujourd’hui et le maintien de l’article 27 relatif à la criminalisation de la normalisation avec l’entité sioniste permettra de réécrire l’histoire.

L’article 27 est une dénonciation de l’arrogance pathologique et de l’impunité dont jouit un «Etat» auquel il est permis de traiter de chiffon de papier les résolutions de l’Onu.

L’article 27 est aussi une condamnation des atteintes que porte le projet colonialiste sioniste non seulement à l’encontre du monde musulman et à ses symbole religieux mais à l’équilibre des nations et à la coexistence pacifique entre les peuples.

* Vice présidente de la Ligue tunisienne pour la tolérance (Ltt).

 

Articles de la même auteure dans Kapitalis :

Que veulent les «salafistes» tunisiens?

Tunisie. Peut-on se suffire de la condamnation des violences «salafistes»?