L’Union européenne s’engage financièrement aux côtés de la TunisieRéponse de l’ambassadeur, chef de la délégation de l'Union Européenne en Tunisie à l’article publié le 18 septembre dans Kapitalis.

Par Laura Baeza

Le titre de l’article, «L’aide européenne à la Tunisie est 20 fois moins importante qu’à l’Egypte», même s’il frappe les esprits par son titre immédiatement intelligible, donne cependant une image faussée de la réalité de la coopération de l’Union européenne avec la Tunisie.

Avant toute démonstration, rappelons pour mémoire les énormes différences géographiques et démographiques entre ces deux pays. La Tunisie couvre une superficie d’environ 160.000 kilomètres carrés, lorsque l’Egypte en compte plus d’un million – une superficie six fois plus grande. En outre, la Tunisie compte environ 10 millions d’habitants, contre 83 millions en Egypte. Là encore, une différence de un pour huit.

L’auteur, dans son article, ne tient donc pas compte de l’une des règles fondamentales de toute comparaison, c’est-à-dire de comparer des éléments comparables; mais il en enfreint aussi une seconde, qui est celle d’utiliser, pour cette comparaison, des paramètres identiques.

Le chiffre mentionné par l’article dans le cas de la Tunisie – 400 millions d’euros – n’intègre que les sommes de la coopération bilatérale, c’est-à-dire des dons purs et simples de l’Union européenne à la Tunisie pour la période 2011-2013. Ce chiffre ne tient donc pas compte des prêts signés avec la Banque Européenne d’Investissement (Bei) sur la même période.

On pourra aussi ajouter que ce chiffre de 400 millions d’euros prévu pour la Tunisie est un minimum, qui sera dépassé; et qu’il ne tient pas compte des 80 millions d’euros supplémentaires d’aide humanitaire versés à la Tunisie en 2011 pour faire face à l’accueil des réfugiés libyens.

En outre, la Tunisie bénéficiera des prêts signés par la Bei. Ceux-ci, essentiellement destinés à soutenir le secteur privé, seront de l’ordre de 1,8 milliards d’euros sur la période 2010-2013. Pour l’année 2012 seule, ces prêts se chiffreront entre 200 et 265 millions d’euros.

L’Egypte, en terme de coopération bilatérale, recevra de l’Union européenne une aide totale de 449 millions d’euros sur la même période 2011-2013 – c’est-à-dire une somme tout à fait comparable à celle de la Tunisie. D’autre part, les prêts signés par la Bei en faveur de l’Egypte ne dépasseront pas 1,7 milliards d’euros sur la période 2010-2013. Le chiffre d’une coopération avec l’Egypte de 7,5 milliards d’euros est donc tout à fait fantaisiste.

Rappelant les données géographiques et démographiques évoquées plus haut, un calcul rapide démontrera ainsi que la Tunisie, en proportion, reçoit une aide bien supérieure à celle attribuée à l’Egypte par les institutions de l’Union européenne: 37,38 euro par Tunisien, contre 5,4 euro par Egyptien.

On ne peut donc dire que l’Egypte bénéficie d’un «bonus» ou que le montant fourni par l’UE à la Tunisie reste «très en-deçà de celui accordé à l’Egypte» ; bien au contraire, ces chiffres soulignent l’engagement profond de l’UE à soutenir la Tunisie durant son processus de transition démocratique.