La société civile représente la plus grande avancée de la révolution et sa présence est l’un des acquis les plus solides dans l’ère post-révolutionnaire.
Par Akrem Kaabi*
Depuis la révolution du jasmin en 2011 et la fuite du président Ben Ali, les changements en Tunisie sont devenus patents: la sphère politique est désormais ouverte à tous et il existe maintenant une société civile active. Toutefois, il y a aussi eu des problèmes, notamment des actes de violence au cours de plusieurs manifestations, ce qui prouve qu'il reste beaucoup à faire.
Je suis un jeune étudiant tunisien qui a pris une part active dans la révolution. Devant le soulèvement de la Tunisie post-révolutionnaire, je dois me poser la question suivante: qu’est-ce qui a réellement changé?
La liberté d’expression devenue une réalité
La situation en matière de sécurité est instable, l’économie n’est pas au mieux de sa forme et le système éducatif n’a pas été réformé.
Il faut encore bâtir l’avenir et c'est à nous, les jeunes, qu’incombe cette tâche. Les signes d’espoir sont manifestes.
En matière de liberté, il y a eu d’importants changements: les libertés de parole et d’expression, y compris la liberté de critiquer le gouvernement, sont devenues une réalité.
Toutefois, il y a aussi de sérieux problèmes: certains mouvements extrémistes n’acceptent que leur propre idéologie et ne reconnaissent pas aux autres le droit de s’exprimer librement.
En juin dernier, par exemple, lors d’une exposition d’art contemporain intitulée «Printemps des Arts» qui présentait les œuvres de plusieurs galeries locales et de plusieurs artistes tunisiens, de violentes manifestations opposées à l’exposition ont eu lieu.
Un dénominateur commun: la Tunisie
Les hommes et partis politiques peuvent corriger ces mouvements éloignés de la liberté. Même s’ils ont leurs propres idéologies politiques, ils doivent reconnaître ouvertement le bien-fondé d’autres idéologies et points de vue dans leurs discours. C’est là que commence la vraie démocratie.
De même, la société civile doit jouer son propre rôle en encourageant le dialogue et la coexistence. Elle doit trouver des points communs entre les différents partis et leur rappeler leur dénominateur commun – la Tunisie.
Ce qui a vraiment changé en Tunisie, c'est la société civile. Elle devient de plus en plus active, même dans un environnement politique et socio-économique encore instable.
Les associations fleurissent un peu partout et enrichissent le paysage civique. Les exemples sont nombreux, des festivals publics aux conférences et œuvres de charité.
Le 3 septembre dernier, une organisation dénommée Mouwatana & Tawassol (Citoyenneté et Communication), dont le but est de sensibiliser le public à la citoyenneté et au service civique, a lancé un portail interactif destiné à aider la société civile à travailler plus étroitement avec l'Assemblée constituante, à peu près au moment où la session en cours a débuté.
Dans un communiqué de presse, l'association a expliqué que le portail avait été créé «pour suivre les débats de l'Assemblée constituante et de la société civile et les activités portant sur la nouvelle constitution, afin de servir de portail interactif entre l’Assemblée, la société civile et l'opinion publique.»
C’est la société civile qui représente la plus grande avancée de la révolution et sa présence est l’un des acquis les plus solides dans l’ère post-révolutionnaire. Une société civile active ne peut plus faire défaut à la Tunisie.
La Tunisie a besoin de la participation de l’ensemble des secteurs, quelle que soit leur idéologie. Pour parvenir à une vraie démocratie, il faut trouver un terrain d'entente entre tous les Tunisiens – une plateforme qui offre à tous l’occasion de contribuer au développement du pays mais qui, en même temps, respecte les croyances et les idées de chacun.
* Akrem Kaabi est un étudiant tunisien.
Source :" target="_blank"> CGNews.