Soumaya Ghannouchi Abdessalem tient beaucoup de son père, Rached Ghannouchi, et notamment la détestation de ses compatriotes et une certaine soif de vengeance.
Par Tarak Arfaoui
En suivant quotidiennement les débats politiques sur les médias, les Tunisiens ont été progressivement habitués à divers dérapages des hommes politiques aussi bien de droite que de gauche, tantôt bon enfant tantôt ridicules, parfois répréhensibles.
L’obligation de réserve piétinée
Dans l’exercice des glissades sémantique incontrôlées, il est vrai que les membres du gouvernement, certains porte-parole et les militants du parti d’Ennahdha ont toujours accaparé les devants de la scène, mais la palme d’or de l’indécence reviendra sans nul doute à une certaine madame Soumaya Ghannouchi Abdessalem, qui vient de nous rappeler, par ses récentes déclarations sur sa page Facebook, que la piété et l’indécence peuvent faire bon ménage à Ennahdha.
Sans être une figure politique de premier plan, ni une militante déclarée du parti islamiste tunisien fondé et présidé par son père, Mme Ghannouchi Abdessalem, de part ses liens familiaux et matrimoniaux (elle est l’épouse du ministre des Affaires étrangères Rafik Abdessalem), doit avoir une obligation de réserve sur tous les plans. Ses intimes convictions, aussi abjectes soient-elles, doivent être cantonnées sous le toit matrimonial et non pas déballées sur la scène publique.
Certes, la bataille politiques entre les divers partis, qui bat son plein actuellement, entraine parfois, dans le feu de l’action, un certain emportement; mais traiter ses compatriotes de tous les noms d’oiseaux, pour quelque motif que ce soit, est absolument inadmissible. Rien ne peut justifier un tel comportement. J’ai été ébahi en lisant sa déclaration (en arabe) par la grande finesse linguistique de cette dame qui, pour déclarer sa profonde aversion pour une bonne frange de ses compatriotes, a su utiliser dans un condensé de quelques lignes seulement toutes les épithètes dégradantes et péjoratives que permet notre riche langue arabe.
Soumaya Ghannouchi pose devant le drapeau d'Ennahdha. On a rarement vu la Britannique agiter le drapeau tunisien
Le virus de la haine et de la vengeance
Si Mme Abdessalem considère une grande partie des Tunisiens, qui est l’essence même du pays comme des «miserables», des «pitoyables» ou des «moins que rien», que représente alors pour elle son pays dans lequel elle voudrait bien revivre après son exil? Ses vingt années passées au Royaume de sa Majesté la Reine d’Angleterre, pays de la bienséance et du respect, et sa nationalité britannique n’ont apparemment rien produit sur le personnage.
Tant de haine et d’aversion pour les Tunisiens et tant de témérité pour les déclarer publiquement sans aucune vergogne ne me font que ressentir de la condescendance pour cette pauvre dame qui semble avoir attrapé le virus de la haine et de la vengeance aveugles sous le toit familial à Londres. N’est-elle pas la fille de son père, M. Ghannouchi, dont la détestation de ses compatriotes n’a d’égal que sa soif de vengeance?