On ne peut pas en vouloir au peuple tunisien qui attend la réalisation des promesses électorales et voit ses élites se déchirer pour défendre leurs seuls intérêts.

On ne peut pas en vouloir au peuple tunisien qui attend la réalisation des promesses électorales et voit ses élites se déchirer pour défendre leurs seuls intérêts.

Par Wided Ben Driss*

La révolution populaire spontanée déclenchée fin 2010 a ouvert une très importante ère de l'histoire de notre chère Tunisie. Depuis, la situation du pays oscille entre le calme précaire et l'anarchie.

Deux années après la révolution, la Tunisie se trouve tiraillée entre la «troïka» au gouvernement et l'opposition et souffre de plusieurs maux dont la pauvreté, le chômage, l'inflation, l'extrémisme et la violence. Mais qu'est ce que les Tunisiens ont fait de leur révolution et de leur patrie ?

En fait, la Tunisie libérée de son dictateur s'est retrouvée entre les mains de dizaines de partis politiques et d'associations dont la majorité n'a pas participé à la révolution et n'avait même pas de programme pour diriger ce pays.

Le peuple tunisien, déjà sous le choc de sa propre révolution, s'est complètement étourdi en suivant les tourmentes des premières élections démocratiques. Il a été submergé de cadeaux, de promesses et de programmes électoraux fantastiques, ce qui lui a donné des rêves et des attentes grandioses. Les résultats de ces élections étaient choquants et inattendus pour beaucoup mais acceptés par tous car légitimes.

La patrie avant les partis

Revenons à notre chère Tunisie pour voir ce que ses enfants lui ont donné depuis la révolution?

Commençons par les partis politiques élus qui se sont très vite divisés en alliance de la «troïka» et en opposition et qui se sont perdus dans de houleux débats qui semblent portés par des ambitions de pouvoir et de postes plus que d'ambition pour la Tunisie, laquelle passait en second plan.

D'où la nécessité de lancer un appel au gouvernement et aux politiciens d'œuvrer pour la patrie avant les partis!

Les constituants élus par le peuple exhibent, à l'image de notre société, un mélange de différents âges, niveaux, idéologies et valeurs. Nos constituants nous ont montré différentes facettes et une palette de couleurs virant souvent au rouge. En effet, certains constituants ont profondément déçu les Tunisiens par leurs incompétence, opportunisme, égoïsme et surtout par leur manque de communication civilisée.

La mission de nos constituants est noble et ils auraient pu entrer dans l'histoire en décidant de faire ce travail bénévolement. Malheureusement, ce n'est pas le cas, et les informations infiltrées au sujet de leurs salaires, retraites et des primes ont beaucoup choqué les Tunisiens.

D'où la nécessité aussi de lancer un appel aux constituants afin qu'ils se rappellent de leur serment et œuvrent uniquement pour l'intérêt du peuple qui les a élus!

Œuvrer pour le seul intérêt de la Tunisie

A l'image des élites politiques, d'autres corps de métier, médecins, cadres, enseignants et universitaires; considérés comme à l'avant-garde de la société, sont entrés dans le tourbillon des grèves et des chantages.

Rappelons que le premier challenge de la Tunisie après la révolution est de réduire le chômage en créant des emplois et non d'augmenter les salaires de ceux qui travaillent déjà.

Etant donné les moyens actuels de la Tunisie, le gouvernement aurait pu geler ou même réduire les salaires de ses employés afin de créer des emplois pour ceux qui n'en ont pas.

D'où la nécessité aussi de lancer un appel aux cadres tunisiens de travailler encore plus pour sauvegarder leurs emplois et convaincre leurs employés de continuer à faire des sacrifices juste pour leur patrie!

Les syndicats se sont mis aussi à faire de la politique et à jauger leur puissance dont personne ne doute.

D'où la nécessité aussi de lancer un appel aux syndicats pour qu'ils contiennent le fléau des grèves et d'œuvrer pour le seul intérêt de la Tunisie!

Les journalistes, artistes et écrivains, ravis de la liberté d'expression retrouvée, ont maintes fois dévié de leur rôle et succombé à de graves confusions. On peut parler de tout mais pas n'importe comment, le respect et la décence sont toujours requis.

D'où la nécessité aussi de lancer un appel aux acteurs de l'information et de la culture afin qu'ils œuvrent pour le bien de la patrie!

Nous ne pouvons pas en vouloir au peuple tunisien qui attend la réalisation des promesses électorales et qui voit ses élites se déchirer pour défendre leurs seuls intérêts.

Un dernier appel au gouvernement, politiciens et associations pour qu'ils encadrent ce peuple en lui disant la vérité et rien que la vérité, et en œuvrant pour le bien la patrie tunisienne!

*Exploration Manager, PA Resources Tunisia.