Ce soir, heureuse et apaisée...Mots griffonnés à la hâte pour immortaliser des moments de bonheur qui font fuir les douleurs.

Par Dr Lilia Bouguira

 

Je statue ce soir heureuse et apaisée.
Un appel téléphonique égaye de bon matin ma journée.
Zohra Abidi est au bout du fil.
Elle me passe un aimé, Habléni Nabil.
Sa voix ne zozote plus; elle éructe le bonheur elle aussi.
Sûrement pour avoir rencontré cet ange gardien qui a fait le déplacement pour lui de Dubaï au Qatar, en bonne tunisienne ou encore parce que la vie lui re-sourit.
Un bien-être indicible pose au fond de moi sa lie.
Un après-midi fabuleux où le soleil a fait une généreuse percée.
Que du bonheur sur des visages amis et aimés.
Hosni Klai a été pris de cours dans une sortie concoctée par ma fille Randa au «Squat», un café huppé.
Comme d'habitude, ce même réseau d'amis purement citoyens: Jamel Mkadmi, Adel Ben Ghazi, Imen Ben Ghozzi, Souad Morched, Mouslim Wardeni, Amine Madyouni, FarYoula Tamarzizet, a fait pour que la joie égaye son visage par les flammes bouffé.
Il enlace ma fille et se confond en merci.
Il éructe le bonheur quand, la nuit tombée, je le ramène à sa chambre dans sa clinique pour affronter encore son destin mais avec ce sentiment puissant de ne plus être seul dans sa nuit.
Il s'approche de moi et pose hésitant un baiser sur mon front.
Je m'approche de lui et pose mon cœur au pas du sien.
Un bien-être indicible pose de nouveau au fond de moi sa lie.
Imen a préparé un bon couscous à la tunisienne pour Hosni, qui n'a pas eu droit à la fête du mouton mais aussi un gâteau raté quoique délicieux pour Souad Morched, notre blessé.
Ils ont soufflé ses bougies et chanté plus ou moins faux son anniversaire mais dans une grande hilarité pendant que je les devançais pour préparer le coup au café.
Ce qu'elles sont belles les femmes de mon pays, les hommes aussi.
Un bien-être indicible pose encore au fond de moi sa lie.
Il y a des jours qui devraient s'éterniser et empêcher la nuit de tomber tout comme celui d'aujourd'hui.
Mon pays est jeune et a besoin du génie de ses enfants.
Je ne veux plus avoir à traîner mon pays derrière moi comme un forcené.
Je ne veux plus le cheviller à moi comme un boulet.
Je ne veux pas le traîner comme une damnation.
Je veux m'élever avec lui rien qu'en prononçant son nom.
Je veux avoir la chance du sursis de composer la constitution du futur de nos enfants.
Je veux que mes yeux restent des portes indéfiniment ouvertes sur leurs cieux.
Je veux avoir encore la chance de compenser le sacrifice de ses enfants, ses martyrs et ses blessés.

Notre photo: Le blessé de la révolution Nabil Habléni au Qatar avant son intervention.