On est en droit de se demander comment M. Jebali va pouvoir mettre de la pression sur une Assemblé nationale constituante (Anc) dont une majorité de membres est aux abonnés absents.
Par Aymen Mahjoub*
Ennahdha, parti islamiste au pouvoir, via le ministre de l'Enseignement supérieur, Moncef Ben Salem, dans une déclaration au journal ''Akhbar Al Joumhouria'', a laissé entendre que les prochaines élections ne seront pas possibles avant 2014, étant donné que la rédaction de la constitution ne pourrait s'achever avant au moins un an.
D'un autre côté, le chef du gouvernement Hamadi Jebali, a poussé un coup de gueule (pour une fois, on ne l'a que trop vu souriant, on ne sait pour quelle raison, à chacune de ses interventions télévisées), disant qu'il va mettre de la pression sur les constituants afin qu'ils avancent le plus rapidement possible dans la rédaction de la loi fondamentale.
Un double discours, de la part de hauts responsables d'Ennahdha, qui n'étonne plus, certes, mais qui laisse perplexe quant aux réelles intentions de ce parti et à sa gestion du temps, du pouvoir et du futur proche de la Tunisie.
On n'arrête pas d'entendre, ici et là, que la situation n'a que trop duré, que le peuple en a ras-le-bol, qu'il ne peut plus attendre, que les choses doivent changer, que le pays va droit dans le mur!
Qu'est ce qui a bien pu changer depuis tout ce temps?
Le peuple en a toujours ras le bol, les constituants, quant à eux, continuent de faire la sourde oreille! Pire, ils ne font même plus l'effort minimum d'être présents à l'heure (ou présents tout court, pour certains d'entre eux), durant les séances plénières pour que ces dernières puissent avoir lieu! A maintes reprises, le quorum n'étant pas atteint, les séances sont retardées.
On est en droit de se demander alors, comment M. Jebali va pouvoir mettre une pression sur une Assemblé nationale constituante (Anc) dont une majorité de membres est aux abonnés absents, et quand bien même cela soit son intention, pourquoi ne fait-il pas pression, pour commencer, sur les blocs de la «troïka», la coalition tripartite au pouvoir? Comment va-t-on pouvoir achever la rédaction de cette constitution quand on sait que le parti au pouvoir semble disposer de l'unique élément qu'il peut (et sait) gérer : l'interminable attente !
En ettendant, on peine à avancer. Une députée d'Ettakatol s'est même permise de voter à la place de deux de ses collègues tout en se montrant offusquée par les propos de M. Jebali. Pourquoi pas, la «troïka» a, après tout, tous les droits! On peine à avoir une Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie), à se mettre d'accord sur le système politique à adopter; on évoque un semblant de calendrier, une soi-disant feuille de route et un semblant de transparence!
* Ingénieur chef de projets, militant au sein de Nida Tounes France1.