Chemises brunes de Hitler, Chemises noires de Mussolini, Pasdarans de Khomeiny..., les pouvoir autoritaires créént souvent des milices pour museler leurs opposants. Avec «ses» Ligues de protection de la révolution, Ennahdha suit ce mauvais exemple.
Par Salah Kedidi*
Rached Ghannouchi s'est plu un jour à dire des salafistes, qui ont saccagé une salle de cinéma à Tunis pour avoir projeté un film considéré comme blasphématoire, qu'ils lui rappellent sa jeunesse militante. Il a continué à les couver, à les défendre et à rencontrer leurs chefs pour discuter avec eux de l'avenir de la Tunisie. Ils pouvaient agresser là où ils voulaient et quand ils le voulaient, en toute impunité, tous ceux qu'ils considéraient comme leurs ennemis – car ennemis de Dieu – parmi les penseurs, les journalistes et les artistes. Ils se sont permis de faire ce que le parti Ennahdha ne peut pas se permettre. Mais le jour du fameux 14 septembre 2012, quand ils ont nui aux intérêts du parti islamiste en envahissant et en attaquant les locaux de l'ambassade des Etats Unis, les militants salafistes, d'alliés idéologiques et organiques, sont devenus des parias et ont été maudits.
A l'instar des Chemises Brunes de Hitler
La Ligue attaque à Tataouine.
Cette situation nous rappelle les Chemises brunes créées du temps de Hitler, et qui à l'origine avaient pour mission d'assurer la sécurité des rassemblements du parti nazi. Les membres de cette organisation, qui ont fait régner la terreur parmi les opposants à Hitler, se sont développés grâce à un afflux de chômeurs désœuvrés et de déçus de différents mouvements.
Seulement, au cours de la nuit des «Longs Couteaux», des hommes qui paraissaient les plus nazis parmi les nazis, les plus proches alliés de Hitler, sont tombés, assassinés sous l'ordre du Führer, parce qu'ils commençaient à devenir dangereux pour le parti nazi comme les salafistes pour Ennahdha. Bien sûr, la comparaison est exagérée, mais l'analogie mérite d'être relevée ne fut-ce que pour retenir les leçons du passé.
La Ligue manifeste à Tunis.
En se mettant les salafistes sur le dos, le parti islamiste s'est trouvé mutilé d'un bras armé qu'il a fallu remplacer. Il n'a pas trouvé mieux que la Ligue de protection de la révolution dont l'existence est aujourd'hui contestée par tous sauf par le Guide et ses partisans. M. Ghannouchi va même jusqu'à affirmer que les membres de cette Ligue «sont eux qui donnent la légitimité aux autres et non pas le contraire... Ces comités sont une partie et une force de la société civile».
Là encore une similitude mérite d'être signalée: celle de la soi-disant Ligue avec la Milizzia volontaria per la sicurezza nazional (Milice volontaire pour la sécurité nationale) créée par Mussolini. Les slogans de cette milice trouvent leur origine dans l'exaltation nationaliste et leurs principales actions, surtout de natures violentes, sont destinées à empêcher la propagation des grèves jugées insurrectionnelles et donc contraire à l'ordre souhaité. Les Chemises noires employaient des méthodes expéditives (coups de bâtons, incendies, pillage...) et faisaient boire de l'huile de ricin aux protestataires.
Un régime autoritaire rappelant le fascisme italien
La doctrine de M. Ghannouchi n'est qu'une tendance visant à installer un régime autoritaire rappelant le fascisme italien. Le Guide est ainsi fait, c'est sa nature. Il se prend pour un messie et il y croit. Et plus il y croit plus il commet des erreurs qui ne font que l'isoler, car il est de plus en plus contesté aussi bien à l'intérieur, où la colère gronde et grossit de jour-en-jour, qu'à l'étranger, vu qu'il vient de se mettre sur le dos les pays du Golfe où il veut exporter le printemps arabe.
Le comble chez M. Ghannouchi comme chez ceux qui le suivent c'est qu'ils ne tirent pas de leçon de l'Histoire. Pourtant, l'Histoire ne manque pas d'exemples de despotes, tyrans et dictateurs qui ont mal fini; certains sont tombés en disgrâce des années après leur disparition. Il est aveuglé par son ambition, son état devient pathétique; il perd de plus-en-plus le contact avec la réalité et son comportement tend graduellement vers le «néronisme». Il devient un danger potentiel non seulement pour le pays mais même pour le parti dont il est le fondateur.
Ligue de protection de la révolution au service d'Ennahdha.
La situation et le moment sont graves, et c'est à ses partisans de s'en rendre compte et de trouver une solution qui permettra à tout le monde de trouver un certain équilibre.
Sinon, demain nous aurons peut-être, chez nous, l'équivalent des Pasdarans. Qui sait ?
* Retraité Fap, Onu.