Face à la bêtise, à la perfidie et à l'imposture de ceux et celles qui sont en train de décider de l'avenir de 10,2 millions de citoyens tunisiens, on est en droit d'être triste. Florilège de déclarations figurant en tête du Top 10 de l'imbécillité politique tunisienne.

Par Tarak Arfaoui

Les soubresauts majeurs quasi quotidiens, qui secouent la vie politique en Tunisie et l'effervescence qui s'ensuit dans les déclarations des politiciens de la place, ont véritablement mis a nu l'amateurisme et la médiocrité de nos hommes politiques dont les commentaires des évènements de l'actualité nationale rivalisent d'incohérence, de perfidie et de bêtise.

La perfidie politique crève le mur du son

Je n'arrive pas à faire le Top 10 du hit-parade de l'imbécilité politique tunisienne mais quelques déclarations des vénérables élus du peuple, qui se targuent de la légitimité électorale et que le peuple a mandatés pour conduire le pays vers le la sérénité et le progrès, ne font qu'attiser l'huile sur le feu, et à les entendre, elles laissent vraiment pantois.

Les plus belles perles ont été pondues récemment après les évènements douloureux de Siliana. En la circonstance, dans un sursaut d'autoritarisme et d'assurance Hamadi Jebali, chef du gouvernement, a jugé bon d'impressionner les manifestants en affirmant haut et fort que «le gouverneur de Siliana ne démissionnera pas et que s'il le fallait, il partirait avant lui», tout en se contredisant le lendemain en laissant planer un doute sur la démission du responsable régional et tout en ayant le culot de déclarer avec assurance, quelques jours plus tard, qu'il l'a écarté (sic!) sans l'oublier à démissionner.

Quant au ministre de l'Intérieur, Ali Lârayedh, célèbre par sa fameuse contrepèterie : «On les attendait par devant, ils sont venus par derrière» (à propos des attaquants de l'ambassade américaine, le 14 septembre dernier), il a ajouté une couche de perfidie en déclarant solennellement qu'il n'avait «pas connaissance de la gravité des tirs de chevrotine» qu'il a lui même ordonné d'utiliser.

Le député Habib Ellouze, grande figure d'Ennahdha, a dédramatisé la situation en affirmant que «les habitants de Siliana doivent s'estimer heureux qu'on n'ait pas utilisé des balles réelles et tué quelques uns d'entre eux».

Lui emboitant le pas, Samir Dilou, ministre des Droits de l'Homme et de la Justice transitionnelle et porte-parole du gouvernement, a défié, quant-à-lui, celui qui apporterait la preuve que «certains victimes des tirs de chevrotines n'ont pas perdu les deux yeux». Traduire : perdre un seul œil et en devenir borgne est acceptable.

Kamel Eltaief, le Rcd, le Mossad et les autres

Enfin, Abderraouf Ayadi, député et chef du parti Wafa, et qui voit habituellement le Mossad à chaque coin de rue, a estimé que c'est le défunt

Rcd qui a allumé la mèche à Siliana, en accord total avec Walid Bennani, autre député d'Ennahdha, qui a crevé le mur du son de la bêtise politicienne en déclarant sans aucune vergogne que toute la population de Siliana qui s'est soulevée et a quitté la ville est soudoyée par l'argent sale de certains partis politiques!

Et comme la bêtise n'est pas sexiste, la députée CpR Samia Abbou a cru devoir expliquer, dans la même veine, que c'est l'homme d'affaire Kamel Eltaief qui aurait fomenté les agitations sociales à Siliana, une une région où, pourtant, les raisons de se révolter ne manquent pas.

Face à tant de perfidie et d'imposture de la part de ceux qui sont en train de décider de l'avenir de 10,2 millions de citoyens tunisiens, on est en droit d'être triste, très triste.