Le ministre de la Justice s'est empressé en mettre en place «son» Pôle judiciaire financier pour soi-disant instruire les affaires liées à la corruption. Tous ses membres sont nommés par lui...
Par Chadlia Ben Salem*
Deux immenses enseignes dorées sur fond noir disposées à gauche et à droite de l'entrée de l'ex-siège du Conseil économique et social sont dorénavant bien visibles sur l'Avenue Med V où l'on peut lire en arabe comme en français «Pôle judiciaire financier».
Mais ce qui suscite l'indignation c'est l'absence de toute référence à la République tunisienne ou au ministère de la Justice et surtout au Tribunal de première instance de Tunis.
Il m'est alors venu à l'esprit les propos fort lucides de Kalthoum Kannou, présidente de l'Association tunisienne des magistrats (Atm), recueillis par Shems.FM, le 10 janvier. On y apprend que les juges du Pôle ont été directement désignés par Noureddine Bhiri, ministre de la Justice en personne, en l'absence totale de transparence et de critères de choix objectifs.
Pourquoi cette mise en place genre tape-à-l'œil la veille de la célébration de l'anniversaire de la révolution?
Alors que le blog ''Nawaat'' révèle des tentatives de mise en place d'un dispositif sécuritaire parallèle, M. Bhiri met déjà en place son dispositif parajudiciaire avec pignon sur rue.
Une question clef au passage : pourquoi cette mise en place genre tape à l'œil, juste la veille de la célébration – le14 janvier – de la 2e fête de la révolution et surtout la veille d'un remaniement ministériel où le poste de ministre de la Justice est justement en ballottage? Autrement dit, a-t-on sciemment fermé les yeux sur les règles de prudence et de discrétion pour en tirer un bénéfice personnel?
Après le Sheratongate, va-t-on assister à un nouveau Bhirigate ?
* Retraitée.