Les Tunisiens sont profondément tristes de voir les belles promesses de leurs dirigeants déboucher sur des frustrations. La déception a atteint son comble avec l'approbation de la loi des finances et du budget de l'Etat 2013.
Par Wided Ben Driss*
En fait, le budget de l'Etat de 2013 parait conforme aux précédents et calqué sur le modèle en vigueur sous le règne de Ben Ali. Avec, néanmoins, des augmentations des budgets des trois présidences contre une diminution du budget du developement. La pire chose à faire après une révolution dont l'une des causes est l'inégalité de développement entre les régions.
Banditisme, extrémisme ou émigration
Conséquence: le citoyen actif est déçu de voir ses charges augmenter et son pouvoir d'achat se détériorer malgré l'augmentation salariale. Les milliers de citoyens qui travaillent marginalement dans des conditions spéciales (sous-traitance, chantiers, régime 16) sont exploités et attendent que le gouvernement se penche sur leur situation.
Face à l'absence de grands projets publics de développement et de la réticence des investisseurs privés à lancer des projets, le citoyen chômeur est voué au désespoir qui le mènera au banditisme, à l'extrémisme ou à l'émigration illicite et suicidaire. Il est malheureux de voir notre Tunisie devenir un pays où les jeunes ne rêvent plus! Car quand la flamme de l'espoir s'épuise et s'éteint, c'est le début de la fin!
En plus de ces conditions d'inflation, de chômage, d'insécurité et d'absence de vision claire et d'espoir, le citoyen tunisien est contraint de suivre les transes des politiciens. En fait, les membres du gouvernement, les élus de l'Assemblée nationale constituante (Anc) et les militants des partis politiques continuent de se quereller et, même parfois, de s'insulter en public, en assurant agir pour l'intérêt du peuple.
Les chômeurs, les démunis, les blessés et les familles des martyrs de la révolution, quant à eux, continuent de crier et de demander au gouvernement la concrétisation des innombrables promesses qui tardent malheureusement à être concrétisées.
C'est dans ce contexte pour le moins morose que le citoyen append, à son grand désarroi, l'auto-approbation de l'augmentation salariale par les élus du peuple qui ont jusque là déçu au moins par leur manque d'assiduité.
L'angoisse du citoyen ne cesse de s'accentuer avec la multiplication des incidents provoqués par l'activité de milices et de groupes terroristes. D'autant que les abus notées lors les arrestations et des séquestrations ont fait des victimes et que les ingérences du pouvoir exécutif dans le système judiciaire n'inspirent au citoyen tunisien un sentiment de sécurité.
Un remaniement ministériel pour quoi faire?
Ces sentiments de déception, d'angoisse et d'amertume dégoûtent les Tunisiens de la politique et risquent de leur faire bouder les prochaines élections, ce qui n'aidera pas à l'instauration d'une réelle démocratie dans le pays.
Un peuple, qui se bat contre la pauvreté et l'insécurité, s'est accroché aux cours des derniers mois à l'espoir d'un remaniement du gouvernement et d'un budget 2013 qui lui apportera un avant-goût de la prospérité promise. Sa déception fut grande, cependant, en découvrant les grandes lignes du budget 2013, au point qu'il s'interroge désormais sur l'utilité même du remaniement annoncé.
Ce remaniement a été réclamé depuis plusieurs mois. Le but est de compter sur des technocrates et des experts capables d'apporter de nouvelles idées et de trouver des solutions immédiates à l'économie agonisante. Mais maintenant que le budget est fixé et que les projets sont définis, les ministères n'ont plus qu'à les exécuter en suivant les procédures d'antan.
Le remaniement promis servira, au mieux, à réduire les frais du fonctionnement du gouvernement, dans le cas où il y aurait annulation ou fusion de quelques ministères. Les économies ainsi réalisées devraient être utilisées au profit des chômeurs et des plus démunis!
* Exploration manager.