Huit personnalités tunisiennes* adressent une lettre à l'opinion publique, où ils mettent en garde contre les dangers guettant la Tunisie, fustigent le phénomène rampant de violence et appellent à faire valoir l'esprit de concorde et de consensus. Ci-après le texte dans son intégralité...

Notre société vit ces jours-ci une épreuve ardue et traverse de vrais dangers, qui vont nous conduire s'ils s'aggravent, comme l'a montré la dernière crise à travers les déclarations et les décisions contradictoires et les conflits violents grandissants, à engendrer les répercussions les plus graves, politiques, sociales et économiques, c'est ce qui affaiblit l'Etat et son rôle.

A la lumière de cela, un groupe de patriotes soucieux de la situation du pays et son avenir, et n'appartenant à aucune formation partisane, ont procédé à l'échange de points de vue, mené un dialogue prospectif, et ont abouti à la suivante lette adressée à l'opinion publique.

Premièrement : Le devoir impose à tous de rappeler que la période transitoire requiert l'efficacité et la rapidité en matière de réalisation en vue de concrétiser les objectifs de la révolution, de construire les fondements de l'Etat démocratique souhaité, à travers le consensus entre toutes les forces agissantes, selon le dialogue, le respect de la loi et le souci de l'appliquer.

Quant à s'en référer à la rue en dehors du cadre de la loi, et au recours à la violence, cela constitue un revers qui ouvrira la porte aux dépassements et aux dérives qui menaceront fatalement la stabilité du pays et son avenir; étant entendu que c'est aux institutions de l'Etat, à elles seules, qu'incombent la préservation de l'ordre, et l'application de la loi.

Deuxièmement: l'intensification des phénomènes d'intimidation et de violence, avec leurs formes matérielle et morale, y compris l'agression contre les personnes, les sièges des partis, des organisations sociales et leurs activités, dont la dernière en date est celle ayant visé le siège de l'Union générale tunisienne du travail (Ugtt), et les appels à l'exclusion menacent désormais la concorde nationale, et fait régner un climat de désinvolture, qui est de nature à s'écarter du cachet pacifique et civilisationnel ayant distingué la révolution tunisienne.

Troisièmement : l'Assemblée nationale constituante (Anc) est le symbole de la légitimité, et a un rôle central en vue de clarifier la vision et de dépasser nombre de problématiques posées, et est, de par sa qualité, appelée à prendre l'initiative, et à remplir sa fonction à travers le rétablissement de l'esprit de consensus entre ses membres, et à donner l'exemple du dialogue responsable et policé. Pour ce faire, elle est tenue:

- d'adopter un calendrier précis pour rattraper le retard en matière de rédaction de la constitution, et accélérer la tenue des prochaines élections;

- de se borner, dans la prochaine période, à l'élaboration de la constitution et des lois inhérentes aux élections, et à l'approbation des lois des finances et de la justice transitionnelle.

Quatrièmement : compte tenu de cela, nous appelons toutes les parties, à faire montre de sens de responsabilité en vue de surmonter cette étape délicate, et à revenir à l'esprit de consensus, à travers un cadre de dialogue rassemblant les formations politiques et sociales agissantes, au service du processus démocratique.

Nous exprimons nos dispositions à appuyer l'ensemble des initiatives visant à désamorcer la tension, à réussir le dialogue national global, et à mobiliser toutes les compétences tunisiennes en vue d'aider à la gestion de la période transitoire et à la bonne administration de la chose publique.

* Il s'agit de Abdeljelil Temimi, Abdellatif Fourati, Mustapha Kamel Nabli, Taher Boussema, Hamouda Ben Slama, Mohamed Haddad, Slaheddine Jourchi et Hmida Naïfer.

** Texte traduit de l'arabe par nos confrères de Gnet.