Guerre en SyrieQuand les djihadistes partent en guerre, avec la bénédiction de Qaradhaoui et de Bernard-Henri Lévy, à l'assaut des «mauvaises dictatures», n'hésitant pas à mettre à feu et à sang des pays comme la Libye et la Syrie... le reste ne saura tarder.

Par Fethi Gharbi

Les islamistes qui, en incendiant leurs propres pays, contribuent sans hésiter à la réalisation du nouvel âge de l'après-nationalisme sont-ils assez niais pour croire que cet empire unipolaire va leur permettre de restaurer le califat? Comptent-ils sur les protestants évangéliques et sur les néoconservateurs pour les aider à réunifier le monde islamique?

Faut-il rappeler à ceux qui l'ont oublié ce qui est arrivé aux «ikhwan» wahhabites, massacrés par les Britanniques et les Saoud une fois leur mission remplie! Cependant, l'instrumentalisation du religieux ne concerne pas que l'islam radical.

Il semble en effet que les anciens masques idéologiques (civilisateur, humanitaire, démocratique) sont irrémédiablement tombés en désuétude. La manipulation des vieux démons des haines religieuses a beaucoup plus d'impact et forme l'écran idéal derrière lequel s'opère cette nouvelle vague colonialiste globalisante. Ce que nous vivons, aujourd'hui, ce n'est nullement «un choc des civilisations» mais «un pseudo-choc des fondamentalismes» islamiste, sioniste et protestant évangélique, tous alliés objectifs de l'Empire en construction.

Un «Vatican II» de l'islam

Si les islamistes ont pour mission de détruire les résistances et d'aplanir le terrain, ouvrant ainsi toutes grandes les portes de l'Eurasie aux envahisseurs, les sionistes juifs et chrétiens contribuent quant-à-eux financièrement à asseoir une gouvernance globale qui, si l'on se tient aux divagations d'un Jacques Attali, aurait pour capitale mondiale Jérusalem.

Il semble que le mythe du progrès en tant que mythe fondateur de l'économie de marché s'est totalement effiloché et qu'il n'est plus en mesure d'entretenir l'illusion de la croissance infinie. On préfère aujourd'hui se réfugier dans des mythes religieux qui privilégient l'élitisme obsessionnel propre au protestantisme et au sionisme.
L'oligarchie ploutocratique consciente de l'incapacité du capitalisme productif à lui assurer une quelconque plus-value fait en sorte que les Etats et les salariés croulent sous le poids des dettes lui permettant ainsi de faire main-basse sur l'essentiel des biens publics et privés.

Depuis plusieurs décennies des groupes d'influence plus ou moins occultes pilotent discrètement l'économie mondiale(1). Le groupe Bilderberg, la commission Trilatérale, le C.F.R étasunien, la Franc-maçonnerie Internationale et les Illuminatis coopèrent en vue de parachever la formation de blocs continentaux débarrassés de leurs États, nécessaires à la constitution d'une gouvernance mondiale. Le bloc Euro-Atlantique ayant à sa tête le couple germano-étasunien tente d'intégrer Israël et les pays arabes tout en débarrassant ces derniers de toute forme de résistance nationaliste et religieuse. Il s'agit d'affaiblir et de diviser ces sociétés pour leur imposer ensuite une sorte d'islam soft compatible avec les règles du mondialisme.

C'est aux Frères musulmans qu'échoit cette lourde tâche qu'ils doivent impérativement mener à bien. Après le Vatican II catholique on tente d'imposer un «Vatican II» de l'islam comme le préconise l'officier étasunien Ralph Peters. Ainsi les deux religions formeront avec le judaïsme une sorte de panthéisme inspiré des lois noachides(2). Cette uniformité spirituelle permettra aux «gentils», une fois les hordes de Gog et Magog anéanties, d'être pris sous l'aile du peuple élu dans le royaume de la fin des temps(3).

C'est de cette manière que s'est tissée progressivement cette toile d'araignée idéologique que l'empire exploite machiavéliquement pour parachever ses desseins totalitaires. Le projet sioniste-protestant de conquête de l'Eurasie s'emboite si parfaitement avec le messianisme sioniste et engage les peuples dans une folle confrontation alimentée par les agissements de fanatiques de tout bord sponsorisés par les tenants du mondialisme. Actions terroristes, exacerbation du communautarisme, luttes fratricides dans les pays arabes servent à justifier des guerre prétendument défensives que mène l'empire du bien judéo-chrétien contre les forces du mal.

Vers une quatrième guerre mondiale

L'offensive qui a commencé avec le déclenchement du «printemps arabe» culmine actuellement en Syrie. Mais à la différence de la Libye, ce pays constitue ce nœud gordien que l'Occident se doit de trancher pour s'emparer de l'Eurasie face à la Russie et à la Chine résolues à s'opposer aux visées unipolaires du bloc Euro-atlantique. Cette contradiction insurmontable est en train d'entrainer imperturbablement le monde vers une quatrième guerre mondiale. Ayant emporté les trois précédentes, l'Occident, sûr de sa bonne étoile, semble être tenté encore une fois par l'aventure. Les majorités silencieuses occidentales abusées par une prétendue méga-identité judéo-chrétienne, manipulées par des minorités agissantes, n'ayant plus subi les affres de la guerre depuis 1945, sommeillent paisiblement, convaincus que ça n'arrive qu'aux autres.

Il importe de rappeler que la Deuxième Guerre mondiale, partie d'Europe, a effacé d'un coup la puissante machine de guerre européenne et a amené toutes les nations dominées d'Asie et d'Afrique à se rebeller et à se libérer du joug colonial européen. Cette nouvelle crise néocoloniale prouve une fois de plus que le capitalisme occidental est incapable de se départir de sa nature prédatrice. Sa cupidité aveugle l'a poussé à se séparer de ce qui a fait sa force et consacré sa domination: le travail. Aujourd'hui, il ne lui reste que ses tonnes de fausse monnaie et une armada juste bonne à répandre la terreur et la désolation à travers la planète.

Face à une économie asiatique en pleine expansion grâce à l'appropriation du travail et à la coopération qui unit de plus en plus les pays de ce continent, l'Occident, en poursuivant le projet chimérique Sioniste-Euro-Atlantique, s'enfonce dans la violence, ne récoltant que de la violence.

Le mal né au 18e siècle, s'étant transformé en fléau à partir du 19e, entre aujourd'hui en transe parano-mégalomaniaque. Nemrod, intraitable, n'en démord pas: «Nous arrivons vers l'émergence d'une transformation globale. Tout ce dont nous avons besoin, c'est de LA CRISE MAJEURE et le peuple acceptera le nouvel ordre mondial» (dixit David Rockefeller).

Notes :

1) Conspirovniscience. 

2) Les 7 lois Noachides : d'établir des tribunaux, de l'interdiction de blasphémer, de l'interdiction de l'idolâtrie, de l'interdiction des unions illicites, de l'interdiction de l'assassinat, de l'interdiction du vol, de l'interdiction de manger la chair arrachée à un animal vivant.
Selon le judaïsme, tout non-Juif vivant en accord avec ces sept lois est considéré comme un Gentil Vertueux et a, par l'observance de ces lois, sa part au monde à venir. Les adhérents à ces lois sont souvent appelés B'nei Noah (Enfants de Noé) ou Noahides, et peuvent souvent se retrouver dans des synagogues juives.
Il est intéressant de savoir qu'en 1991, le congrès américain a voté la loi 102-14 consacrant ces lois noachides sorties tout droit du Talmud de Babylone et non de l'ancien testament. Il importe cependant de préciser que dans la religion hébraïque les croyants en Jésus sont considérés comme des idolâtres.

3) Appréciez les élucubrations messianiques sionistes qui pullulent sur la toile, il parait que ces exégètes sont en mesure de nous fournir une carte géographique précise situant Gog et Magog, même si celle-ci sent un peu le gaz et le pétrole. Très instructif..

Articles précédents :

Le «printemps arabe» dans course folle de l'Empire (1/4)

Le «printemps arabe» dans course folle de l'Empire (2/4)

Le «printemps arabe» dans course folle de l'Empire (3/4)