Tunisiens à l'étrangerPour une meilleure prise en considération de la parole des Tunisiens de l'étranger, émigrés et enfants d'émigrés, dans les débats actuels sur l'avenir de la Tunisie post-révolution.

Par Heger Ben Jomaa et Wajdi Limam

Nous sommes retraités, chibanis, harragas, étudiants, salariés, au chômage, femmes aux foyer, militants associatifs, politiques, immigrés 1ère, 2e et 3e génération et tous citoyens tunisiens.

Nous sommes les Tunisiens de l'étranger : en Europe, en Asie, en Amérique, en Afrique partout dans le monde.
Nous sommes 10% de la population.

Dimanche 20 janvier 2013, lors de la conférence sur le pacte social signé par le gouvernement, l'Utica et l'Ugtt à Paris, Khalil Ezzaouia, ministre des Affaires sociales a déclaré, en présence de l'ambassadeur de Tunisie en France, que «le gouvernement tunisien n'avait pas de politique officielle en matière d'émigration»: Circulez il n'y a rien avoir!

Monsieur Ezzaouia a également annoncé que les députés pouvaient largement faire office de représentants.
Certes, encore faut il qu'ils aient des permanences régulières, des attachés parlementaires, des moyens satisfaisants pour être à l'écoute de leurs compatriotes. Et dans ce cas, nous nous interrogeons: Quelle est finalement l'utilité du secrétaire d'Etat chargé de l'Emigration?

A plusieurs reprises, tous partis confondus et lors de diverses réunions publiques, des députés ont clairement fait savoir que les Tunisiens de l'étranger n'étaient pas une priorité.

Pourtant, tous les partis politiques sans exception, lors de la dernière campagne électorale, n'ont pas manqué de promettre la main sur le cœur l'instauration d'une Haute instance représentative des Tunisiens de l'étranger.

Nous n'osons confirmer l'adage «les promesses n'engagent que ceux qui y croient»?

Lorsqu'en décembre 2010, les Tunisiens réclament liberté, dignité et justice sociale, ces mots simples ont permis à chacun de nous de prendre conscience et de mesurer l'appartenance en tant que citoyens, peu importe notre lieu de résidence, à notre nation.

Nous sommes parfaitement informés que le pays traverse une phase majeure, a des priorités politiques, juridiques, économiques, institutionnelles et doit à la fois s'occuper de ses enfants les plus en difficulté: inégalités sociales, territoriales, les problèmes liés au chômage, au pouvoir d'achat, au logement, à la santé, l'éducation, à la sécurité.

Pour nos politiques, cela parait donc presque indécent de se rappeler à leur bon souvenir.

C'est pourquoi, nous demandons que Houcine Jaziri, le secrétaire d'Etat chargé de l'Emigration relance activement les tables-rondes et les discussions avec la société civile et de prendre en considération la parole des enfants d'émigrés, de les impliquer davantage car dans leur majeure partie, eux, resteront en France alors que leurs parents, au moment de leur retraite, choisissent de rentrer au pays. Ils représentent donc un investissement pour l'avenir, une passerelle indispensable entre les deux pays.

Nous, Heger Ben Djemâa et Wajdi Limam, demandons que nos propositions suivantes soient prises en compte en tant qu'amendements dans la future constitution:

- une représentation des Tunisiens à l'étranger et des binationaux dans toutes les instances institutionnelles tunisiennes;

- la constitutionnalisation d'une instance des représentants de Tunisiens de l'étranger;

- la non discrimination de la vie sociale, économique et politique tunisienne des binationaux et particulièrement de tout mandat électif;

- et le maintien d'une représentation électorale des Tunisiens de l'étranger.