Justice TunisieL'auteure, sœur de l'ancien ambassadeur de Tunisie à Abou-Dhabi, propose ici sa version de l'affaire ayant opposé son frère au journaliste de ''Business news'', condamné par la justice à 4 mois de prison**.

Par Jamila Ben Mustapha*

Nous avons découvert la nouvelle, ce matin : Nizar Bahloul, directeur du journal électronique ''Business news'' a été condamné à 4 mois de prison ferme, dans l'affaire qui l'oppose à Ahmed Ben Mustapha, ancien ambassadeur de Tunisie à Abou-Dhabi de 2005 à 2006, et ceci, pour diffamation, sans preuves, d'un fonctionnaire public. Pour nous, famille du plaignant, justice a été rendue, après de longues années de calvaire.

Cette condamnation intervient dans un contexte de persécution réelle de certains journalistes avec qui nous sommes, on ne peut plus, solidaires, ce dont se trouve profiter, aujourd'hui, Nizar Bahloul, qui n'a eu aucune difficulté à se faire passer pour victime. C'est ainsi qu'il récolte, depuis ce matin, sur les réseaux sociaux, la sympathie des internautes, totalement ignorants de l'affaire.

Abdelawaheb Abdallah entre en ligne

La raison d'être de cet article est d'éviter les amalgames entre les journalistes injustement accusés et ceux dont la culpabilité a été établie par la justice, de rappeler, simplement, la vérité des faits, et je m'adresserai particulièrement à Tahar Zahar et Zied El Hani – dont nous réprouvons, vivement, l'injuste agression qu'il a subie, sur l'avenue Habib Bourguiba, le 14 janvier dernier – qui, par réflexe professionnel, l'ont soutenu. Mais, le journaliste est un citoyen comme les autres qui peut être, soit, innocent, soit coupable. Il peut, ainsi, dans une affaire, correspondre au «méchant» et n'est pas, automatiquement, un persécuté.

Lorsque Ahmed Ben Mustapha, diplomate de carrière et, nommé à son poste, seulement, en raison de sa compétence, comme pourraient le prouver ses collègues, l'a rejoint à Abou-Dhabi, il avait cru qu'il devait servir les intérêts du pays, et non, d'un clan. Ce n'est pas du tout ce que pensait le ministre des Affaires étrangères d'alors, Abdelwahab Abdallah qui ne l'a contacté que pour lui dire qu'il devait bien recevoir Jalila Trabelsi. Lors de la venue de cette dernière, Ahmed Ben Mustapha, pris pas son travail, a cru bon de lui envoyer le second de l'ambassade, ce qui l'a obligée à passer par la douane qui a constaté sur elle une très grosse somme d'argent. L'accueil de l'ambassadeur lui aurait évité cette procédure.

Information ou diffamation?

Ceci a entraîné la fureur de cette dame et elle n'a eu aucune difficulté à monter M. Abdallah contre l'ambassadeur. Il a mis fin à sa mission et lui a ordonné de démissionner, s'il ne voulait pas aller en prison. Ahmed Ben Mustapha, fort de son innocence et de son bon droit, a affirmé qu'il n'était pas coupable, qu'il refusait de démissionner et qu'il était prêt à se défendre. C'est alors que le ministre lui a créé une affaire montée de toutes pièces, de mauvaise gestion administrative, en n'ayant, bien entendu, aucune difficulté à acheter la complicité du personnel de l'ambassade et, ceci, selon les méthodes bien rodées de l'ancien régime.

L'ambassadeur a été condamné à 6 ans de prison ferme. C'est à ce niveau qu'intervient le rôle de Nizar Bahloul qui s'est placé du «bon côté», celui du ministre des Affaires étrangères. Ahmed Ben Mustapha a été diffamé, non seulement sur ''Business News'', mais sur beaucoup d'autres journaux qui ont relayé l'affaire. L'honneur de la famille Ben Mustapha a été jeté en pâture, à l'opinion publique, sans qu'elle puisse, alors se défendre.

Mais, après le 14 janvier 2011, l'innocence de l'ancien ambassadeur a été reconnue et il a été acquitté. Il a, alors porté plainte contre Nizar Bahloul. Voilà les circonstances qui expliquent la récente condamnation du directeur de ''Business News''.

* Universitaire et sœur d'Ahmed Ben Mustapha, ancien ambassadeur de Tunisie à Abou-Dhabi.

** Sans entrer dans les détails judiciaires de cette affaire, qui sont du ressort de la justice qui finira par trancher dans le sens du droit, et tout en donnant à Mme Ben Mustapha son droit de s'exprimer sur cette affaire et de présenter sa version des faits, la rédaction tient à souligner qu'elle reste, par principe, opposée à toute peine privative de la liberté dans les affaires de diffamation.

*** Les intertitres sont de la rédaction.