L'heure est grave. Les yeux du monde entier sont rivés sur notre pays. Les rapaces n'attendent que le mot d'ordre pour se jeter. Les envieux, les profiteurs et les «chmeytyas» (envieux) sont aux aguets.
Par Dr Lilia Bouguira
Nous ne sommes plus en train de marcher dans un destin de notre choix mais nous subissons celui dont Ben Ali nous a laissé l'héritage. Un héritage fait de compères avertis qui continuent à nous lacérer de complots et de criminalité. Un héritage fait d'une justice chaotique et d'un régime tout aussi policier qu'il ne l'était. Un héritage fait de malfrats, de mafieux, de suceurs de sang, d'imposteurs et de rancuniers. Un héritage fait d'obscurantisme, de couleuvres et de «re-tourneurs» de veste. Un héritage fait de gens qui n'aiment personne, ne sont capables de rien, ne voient pas plus loin que le bout de leur queue car moins qu'animaliers, ils resteront!
Mon pays est-il condamné à aller mal? Mon peuple est-il condamné à s'entretuer? Comment pacifier mon peuple réveillé sur un volcan en ébullition? Comment le convaincre que le sang n'appelle qu'au sang et que nos martyrs ne se sont pas vainement sacrifiés? Comment lui expliquer que, certes, ils lui ont volé sa joie de fêter la chute de Ben Ali mais qu'un jour viendra et que nous danserons tous ensemble sur la vraie chute du tyran? Comment lui expliquer que, certes, sa révolution est asphyxiée mais que la voix de la vérité est sur le point d'éclater? Comment lui dire qu'une voix hybride et difforme continue à tuer la voix du juste, du Tunisien vrai, du citoyen non tâché par les fornications des politiciens? Comment lui dire de ne plus avoir peur, que le bout du tunnel est là et que l'aube n'est que proche? Comment le convaincre que la Tunisie est notre seul pays et que chacun de nous doit la porter haut et grand dans nos cœurs et nos pensées, nos comportements et décisions, nos rêves et nos amours?
Non, ne laissons pas la haine et la rancune nous emporter, nous méritons mieux!