Gouvernement Tunisien«On peut tromper une partie du peuple tout le temps et tout le peuple une partie du temps, mais on ne peut tromper tout le monde tout le temps», disait Abraham Lincoln. Il ne pensait sans doute pas à Ennahdha.

Par Dr Fethi El Mekki

 

Il parait qu'en Tunisie, certaines vilaines langues, à voix basse bien évidemment, sont intimement convaincus que ce n'est pas un hasard phonétique si le terme magouille s'apparente à la grenouille, à la fripouille et à surtout à l'andouille, au propre comme au figuré...

Le bal des vanités et des voluptés

D'autant plus qu'on a magistralement magouillé pour arnaquer les Tunisiens avant et surtout après les élections du 23 octobre 2011... Durant des mois et des mois, ils ont dit qu'on allait voir, ce qu'on allait voir : bien entendu, on n'a rien vu... Et on a eu droit au bal des vanités et des voluptés...

Depuis cet inoubliable 23 octobre, ceux qui ont «remporté» les élections semblent toujours intéressés par les sensations fortes, puisque jusqu'à aujourd'hui, ils ne tiennent pas à nous révéler leurs talents et qualités qui à priori sont fort bien cachés...

Après ce Waterloo quotidien vécu par tous les Tunisiens, ces «seigneurs», qui parlent toutes les langues et ont lu tous les livres, s'engloutissent à vue d'œil dans un marécage de pataquès et de déshonneur et ont oublié que le plus difficile dans le désert, c'est d'en trouver la sortie...

Le supplice de tantale

Avec ces «miraculés», et leurs pathétiques présidents, qui se sont avérés, de petite envergure, mais de grand esprit et surtout imbattables pour les mises en scène pitoyables et rigolotes, on a eu droit aux mots brefs et faibles, aux réflexions courtes, aux pensées très terre-à-terre et à la pauvreté jusqu'au dénuement total d'expression...

Ces politicards dont la trouble politique obéit à un code mystérieux, celui du moins visible au plus transparent, ont probablement oublié que la politique réclame aux hommes qui s'y destinent du charisme et un pédigrée impeccable...

M. Marzouki, toujours impérial, par sa voix perchée et prêcheuse, a inondé les Tunisiens de grands mots – démocratie, liberté, dignité – qui contrastent fortement avec la situation horriblement grise qu'ils traversent... Etant donné qu'il s'agit d'un homme de la qualité qu'on sait... ça ne peut pas voler plus haut...

Les parlementaires «élus par le peuple» et affligés d'une digestion prodigieuse mais laborieuse, piquent régulièrement et consciencieusement un somme avec les apparences de la plus profonde méditation... Et l'Assemblée constituante a été enfin déclarée au bout d'une année, officiellement, théâtre d'ombres et de pénombres et professionnelle de la gestuelle humanitaire clownesque et impuissante, sans doute pour distraire les écoliers en congé et les mamies en mal de sensation forte...

De leur «président», dont la voix de silex est de plus en plus écrasée et les paupières de plus en plus baissées, on a souvent dit qu'il n'a pas eu la carrière qu'il méritait: il a fini par le croire... Dans les chaumières, son nom craque comme une allumette et enflamme les esprits... Tous les soirs, avant de s'endormir, il doit compter les anges ricaneurs, dégoulinants de goudron et annonciateurs de l'apocalypse, qui passent dans un grand battement d'ailes...

Allah gloire d'Allah

Avec M. «Radhia allahou ânhou» (Que Dieu l'agrée !), par nature incapable d'émouvoir personne, la vérité a éclaté dans sa splendide nudité, lui donnant plus de relief... Désormais, il cabotine avec moins de chien qu'auparavant...

Homme de grand talent et d'esprit, drapé dans le lin blanc de la piété, écoutant les médiocres et encourageant les imbéciles, il a atteint le meilleur de son art et de sa «science», lorsqu'il s'est retrouvé au fond du gouffre et ce le 14 septembre 2012... Nonobstant, qu'un bâton jeté dans l'eau n'a aucune chance de se transformer en crocodile...

Bizarre «ambition» que de vouloir détruire son pays... En fait, le projet de ce gentil bonhomme est du niveau de ce qu'il n'aurait jamais du cesser d'être: un imam d'une petite mosquée de quartier de banlieue...

Par un miracle qu'il doit peut-être à l'assiduité de ses prières, cet habitué des défaites s'est retrouvé là où il ne devrait pas. Raide et digne comme pour un nouveau sacre, il a camouflé les craquelures et les lézardes de l'édifice Ennahdha qui, moribond, ne tardera pas à s'écrouler... Après qu'il s'est vu décocher le coup de pied de l'âne par le monde entier et une gifle magistrale par 1,4 millions de Tunisiens, un certain 8 février 2013...

Envoyer des nains pour interrompre les réunions des partis politiques, pour administrer des corrections à des intellectuels en pleine rue ou, pire encore, pour empêcher le bon déroulement de l'enterrement d'un leader, qui plus est, a été assassiné lâchement devant chez lui... ne pourra que renforcer la conviction que sa politique vit un niveau très bas de quotient intellectuel et que sa misérable comédie vénitienne – c'est-à-dire – masquée, entachée de souffre, d'impureté et d'esclandres, est en train d'imploser sur la pointe des pieds... Et s'échouera sur les rives de l'impopularité entrainant son seigneur et maitre dans son naufrage...

Bardé d'une probité républicaine fictive et de fausse vertu islamique, il n'a réussi en fait qu'à confectionner les plus invraisemblables magouilles et pièces montées... Et surtout à magnifier la haine et la rancune... Et rien de plus...

Avec lui on a assisté au magistère de la menace et de la violence... Amnésique, il a du oublier que la société protectrice des animaux a été créée en 1845, trois ans avant l'abolition de l'esclavage... Dieu que c'est beau la rancœur, lorsqu'elle ne se cache pas et qu'elle ose dire son nom...

Lucifer et Belzebuth

La haine chauffée au fer rouge constitue le seul fond de commerce de ses acolytes... Qui, finauds, nous infligent des leçons «d'intelligence» tel que l'histoire de la cousine du Sheraton... Grâce à leur QI de sole meunière et à l'immensité de leur ignorance qui leur a donné des ailes, les slogans minables ont remplacé les idées et les coups bas de barbouze de caniveau tiennent lieu de discours... Dans quelques temps, seule la carte de visite rappellera qu'ils ont été ministres...

Au fil des jours, des semaines, des mois, des bévues et des bavures gouvernementales, les Tunisiens abreuvés d'imbécilités, sont abasourdis... Au bout d'une année, ces hâbleurs n'ont semé que sottises et bêtises, balbutiements et tâtonnements, points de sutures et flaques de sang. Les résultats ne se sont pas fait attendre: ils n'ont récolté que des rognures et des rogatons, sur un fond d'hilarité générale...

La médiocrité et les agissements siciliens. Ce sont les seules valeurs sûres sur lesquelles peuvent toujours compter ces bonimenteurs... Grâce à ces saints, la nausée est permanente, le dégoût invariable et le vertige incessant... C'est normal, me diriez vous, puisqu'ils ne lisent pas, mais ils réfléchissent... En fait ils sont tout juste bons pour la poubelle de l'histoire et il semblerait qu'ils soient les mieux placés pour porter le cadavre de la Tunisie...

Ces pauvres épouvantails sont stupéfaits et nous... Consternés... C'est peu dire qu'ils sont exceptionnels... Après avoir poussé de funèbres cocoricos durant des mois, sous l'œil attendri de tonton, ayant acquis chèrement le sens du ridicule, ils sentent le souffle chaud de la déconfiture et de la débandade derrière leurs nuques et s'agitent dans tous les sens, précipitant leur propre noyade... Personne ne pourra plus rien pour eux...

La carcasse

Après avoir attrapé le syndrome de la grosse tête vide combiné à la maladie des pieds qui ne touchent plus le sol, ils passent de plus en plus de nuits blanches avec des idées noires... Parions qu'aujourd'hui, ces patriotes vertueux vivent probablement avec une petite valise au pied du lit...

Nul doute qu'un autre jour, les souvenirs de cette si triste période baigneront notre mémoire dans des effluves de honte et que ces philosophes ne trouveront que l'enfer pour théâtre de leur résurrection...

Comme il arrive dans l'histoire des hommes, le ciel va inéluctablement se mettre de la partie... Je pense que c'en est fini de cette «république» singeant une république bananière... Et que ceux qui sont là, d'après leurs dires, pour vingt ou trente ans, ont déjà perdu les prochaines élections... Avec beaucoup d'allure...

Adieu tristesse...