Comment s'autoriser l'exclusivité lorsque la partie ne peut se faire qu'à deux et plus, et que la terre est faite pour nous contenir tous, toute appartenance confondue, tout parti pris?
Par Dr Lilia Bouguira
Nous sommes, tout au long de notre vie, confrontés à l'amour.
A chaque étape de notre existence, du passage à l'acte en acceptant de sortir à la vie jusqu'à la première tétée.
Initiés chaque jour un peu plus aux différents laits de change, nous acceptons de grandir régis par cet amour et nous débattons du mieux que nous pouvons pour bien happer chaque sein qui s'offre à chaque passage pour parfaire la fusion et frôler l'extase et le plein épanouissement. A chaque étape, son rot et ses gloussements mais aussi nos attentes et nos efforts pour réussir la fusion et bien répondre à l'autre.
Qu'est-ce qui a changé maintenant? Comment expliquer ce déni de l'autre qui a toujours existé pour nous? Comment réaliser que cet amer goût au fond du palais est gérable et que nous pouvons y remédier? Comment s'autoriser l'exclusivité lorsque la partie ne peut se faire qu'à deux, et plus et que la terre est faite pour nous contenir tous, toute appartenance confondue, tout parti pris? Comment s'octroyer l'unicité alors qu'elle est l'encens même de l'absurdité et de la non richesse?
Un homme qui fait cavalier seul est un homme destiné à mourir seul et rien n'est pire que cette mort. Un game-over véritable. Une véritable extinction. Plus rien. Juste un vide sidéral et d'énormes regrets.
Chaque jour, ma mémoire zappe les intempéries qui ravagent mon pays surdimensionnées par la l'information médiatique, reprises par des apprentis sorciers.
Chaque matin, ma vanité refuse de croire que c'est terminé et mes espérances dépassent le concret.
Chaque jour, je me dis que c'est encore possible et qu'il suffit de gratter et de s'acharner à imposer aux différents de mon peuple de s'attabler.
Chaque instant, je me dis qu'à ces écervelés, il faut reprendre les commandes pour les guider.
Hier encore, ils étaient minables chacun dans leurs discours de retranchés. Samedi encore, ils étaient amoindris dans leurs beuglements «à-qui-mieux-mieux». Ils sacrifient leur plus bel affront à la dictature contre une pincée moisie de «moi et rien que moi». Ils défigurent leur combat en le rendant borgne et à sens unique. Ils tatouent d'outrage le chemin de la liberté, confisquent la parole libre juste parce qu'ils ne savent pas partager.
Je ne verse pas dans cette musique mais dans le plus beau des concertos. Celui de s'arrêter juste un instant, prendre le temps de respirer, renifler l'autre et non le dénigrer et si jamais son odeur m'est forte et incommodante, je l'amènerais à changer.
Oui, il est juste de me répéter: «What you will not do for your love?» (Qu'est-ce que tu ne ferais pas pour ton amour?)