Sihem Badi, la plus détestée parmi les membres du cabinet Lârayedh gère si mal le département dont elle a la charge qu'elle n'y contrôle pas grand-chose. Preuve: la propagande pro-Ben Ali y fait encore de la résistance!
Par Mustapha Kammoun*
Face à la polémique qui oppose Sihem Badi, ministre des Affaires de la femme et de la famille, à ses détracteurs de l'Assemblée nationale constituante (Anc), je voulais me faire ma propre opinion. Il m'a pris une demi heure de navigation dans des sites web relevant de fait de son ministère pour me rendre compte, sans l'ombre d'un doute, que Mme Badi et son cabinet attachent peu d'intérêt à l'enfance et à leurs concitoyens.
Pour cela, il suffit de se rendre sur le site officiel du ministère et sur celui de l'Observatoire de l'enfance. En cliquant sur la rubrique ''Informations utiles : Publications'', le lecteur se trouvera nez-à nez avec plusieurs publications, sur un fond de couleur mauve, couleur caractéristique de l'ancien régime, qui font toujours l'éloge de Ben Ali! Ainsi peut-on lire, dans un résumé du rapport sur la situation de l'enfance 2008: «La Tunisie a parié sur ses enfants en tant que piliers de son futur. Elle a mis en place un système de protection et d'appui global, intégré et cohérent pour préparer les enfants à franchir le vingt unième siècle promptement et avec le maximum de facteurs de réussite. A cet effet, les divers programmes consacrés à l'enfance ont bénéficié d'un intérêt particulier et d'un suivi permanent de la part de son Excellence le Président de la République, Zine El Abidine Ben Ali, aussi bien à travers les programmes présidentiels qu'à partir des décisions ciblées qui ont touché tous les enfants et leurs milieux familiaux et notamment les enfants ayant des besoins spécifiques...» et bla-bla-bla1
Mme Badi, veut défendre son «bilan» mais, hélas, elle semble méconnaître affreusement ses dossiers. Elle continue, sans doute à son insu, à faire l'éloge d'un dictateur (dont elle avait semble t-il déchiré le portrait). L'ancien dictateur a reconnu, assez tardivement certes, la veille même de sa chute, qu'on l'a trompé. Aurait-elle le même courage pour reconnaître avoir été trompée, elle aussi? Rien n'est moins sûr...
Quant aux députés de l'Anc, qui vont l'auditionner, ils n'auront aucun mal à mettre en grande difficulté la ministre tellement les lacunes dans la gestion de son département sont énormes et les manquements nombreux.
*- Retraité.
Note :
1- Les sites du ministère des Affaires de la femme et de la famille contiennent de dizaines de publications similaires.