C'est dans une ambiance alourdie par les menaces des courants islamistes sur les acquis de la Tunisie moderne que la commémoration du 13e anniversaire du décès du leader Habib Bourguiba a pris une très grande ampleur.

Par Samir Messali

A cette occasion, une grande partie de Tunisiens ont voulu exprimer leur attachement aux acquis de la Tunisie de Bourguiba notamment l'émancipation de la femme et la généralisation de l'enseignement.

Un ennemi de l'islam?

Mais nos jeunes connaissent-ils bien Bourguiba? Pas assez, je crois, ou très vaguement. Mais pour le présenter, les islamistes se contentent de dire qu'il a interdit la polygamie, permis l'adoption, encouragé le non respect du jeûne du mois de ramadan, ramené le divorce devant les tribunaux et interdit le voile aux femmes. En résumé c'est un ennemi de l'islam.

Et les défenseurs de Bourguiba comment le présentent-ils?

Moi j'étais sûr de l'information mais pour vérifier j'ai fait un passage à cette grande librairie de l'avenue Habib Bourguiba. En demandant: «Monsieur est ce que je peux trouver un biographie de Habib Bourguiba en langue arabe?» Après hasitation, il me répond. «Non».

Il est paradoxal que la plupart des ministres de Bourguiba ont écrit leurs mémoires personnelles autour de ce personnage hors du commun, alors que lui-même n'en pas écrit. C'est vrai qu'il existe une biographie en langue française, très intéressante d'ailleurs, écrite conjointement par Sophie Bessis et Souhayr Belhassen. Mais il ne faut pas compter sur nos jeunes pour lire un livre en français et de 560 pages.

En attendant une bonne biographie en langue arabe

Quant à nos éditeurs est ce qu'ils espèrent dans le genre biographie trouver une vie aussi intéressante et riche que celle vécue par Habib Bourguiba pour en faire un best seller.

Il est, je crois, de la responsabilité des défenseurs des idées de Bourguiba de faire éditer une biographie en langue arabe de ce leader, quitte à traduire celle citée plus haut et veiller à la diffuser notamment auprès des jeunes tunisiens et dans les pays arabes, où Bourguiba a été longtemps détesté parce que, justement, mal connu.

Illustration: Bouguiba et John Kennedy sur le perron de la Maison Blanche, lors de la visite du président tunisien aux Etats-Unis en 1961.