Mis dans de mauvais draps par la révélation des abus, sexuels et autres, infligés aux enfants, le département de tutelle s'échine à donner une image idyllique de ses réalisations en faveur de l'enfance. Mensonge et désinformation...
Par Mustapha Kammoun*
En relation, sans doute, avec le vote de défiance auquel elle sera soumise incessamment, Sihem Badi s'est empressée de publier sur sa propre page FB dès le 8 avril 2013 les réponses de son ministère aux questions posées par les élus du peuple.
A la lecture du document de le la ministre des Affaires de la femme et de la famille (en charge aussi de l'enfance), on s'aperçoit encore une fois de son manque de sérieux chronique attesté par ses publications et écrits.
A la question de la députée Nadia Chabane concernant les jardins d'enfants et le danger d'embrigadement des enfants, le ministère a répondu pêle-mêle, en six pages, en déballant ses stratégies passées et futures, tout en y intégrant d'innombrables méprises et errements qui cachent sans doute le désir d'épater la députée en trichant.
Ainsi, on y apprend que, grâce à l'effort consenti au niveau de 6 gouvernorats jugés prioritaires par le ministère, le taux de couverture pour la prime enfance – entre 3 et 5 ans – par les jardins d'enfants a plus que doublé aux gouvernorats du Kef et de Kairouan puisqu'il est passé d'environ 8% et 9% à respectivement 22% et 19%. Sur le plan national ce taux est passé de 28,38% en 2011 à 31,12% en 2012 grâce à la prise en charge d'un total de 1.120 enfants. Seulement!?
Une grotesque tricherie
Le données relatives à la population tunisienne disponible sur le web – notamment sur le site de l'Institut national de la statistique (INS) – montre que la population tunisienne est estimée actuellement à environ 10,7 million d'habitants dont plus de 500.000 enfants âgées entre 3 et 5 ans. Ces données sont corroborées par les chiffres divulgués par le journal ''Assabah'', sans doute puisés à la même source.
En affirmant que le taux de couverture s'est amélioré entre 2011 et 2012 de 2,74% rien qu'en prenant en charge 1.120 enfants, le ministère se trouve pris en flagrant délit de tricherie grotesque. Et pour cause. L'application de la règle de trois donne une population infantile (entre 3 et 5 ans) de l'ordre de 40.000 enfants pour l'ensemble du pays! Un véritable non-sens puisque cette population est plus de 10 fois plus importante. Cette minoration sans doute voulue a permis au ministère de gonfler ses performances en indiquant un taux de couverture en 2012 de 31,12% au lieu de 28,62% tout au plus.
De surcroit, les populations des gouvernorats du Kef et de Kairouan sont respectivement de l'ordre de 250.000 et 560.000 habitants et totalisent à eux seuls pas moins de 40.000 enfants âgés de 3 à 5 ans. Pour pouvoir au moins doubler le taux de couverture par les jardins d'enfants dans les deux gouvernorats indiqués, il est impératif de prendre en charge au moins 4.000 enfants. Ce qui atteste encore une fois du manque de crédibilité des données présentées (seulement 1.120 enfants pour l'ensemble des gouvernorats).
La réponse à la question de Mme Bouriel
Terminons par la réponse fournie par le ministère à la question de la députée Najla Bouriel ayant trait à l'appui du ministère aux activités scientifiques.
En fait, le ministère s'est contenté d'indiquer les montants attribués aux associations bénéficiaires sans fournir aucune information sur le bilan des actions engagées et l'impact du programme sur les ayants droit – les enfants – et sans aucune assurance quant à la bonne utilisation des fonds attribués.
Bref, silence on triche!
Tricher devient même en Tunisie le sport préféré de nos ministres. Ainsi, Tunis deviendra sans doute la capitale la moins chère du monde où le taux de chômage ne cesse de baisser et où la croissance ne cesse de grimper!
Quant à nos enfants, c'est le paradis, même pour ceux originaires du Kef et de Kairouan!
* Retraité.